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jeudi, octobre 30, 2025
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Histoire et tradition – Partage universel : Le fil entre Madagascar et le Pérou

Au Pérou, la dimension de l’entraide communautaire est aussi spirituelle. (crédit photo : apulaya.com)

Entre les Andes et l’océan Indien, l’« ayni » et l’« atero ka alao » racontent la même histoire : celle de communautés unies par le don, le partage et le respect des liens. Face aux bouleversements de l’histoire, ces pratiques héritées des ancêtres gardent un souffle intemporel.

Il faut se rendre au Pérou pour retrouver le même système et dynamique communautaire positive que l’« atero ka alao ». Dans ce pays des Andes, cette tradition ancestrale est dénommée « ayni », sans aucune relation linguistique avec « Aina » ou autres choses. Cependant, les deux concepts partagent à peu de choses près les mêmes valeurs. Dans son ouvrage « Formations économiques et politiques du monde andin » (1975), John Victor Murra évoque « une forme de réciprocité horizontale » de l´« ayni ». Pour l’« atero ka alao », Frédéric Gannon et Frédéric Sandron ont mentionné dans « Entraide et réseaux sociaux à Ampitatafika : Analyse d’entretiens » (2005-IRD) que « cette sorte de don/contre-don sur le long terme est très intéressante du point de vue social puisqu’elle entretient des relations durables entre des familles et qu’un point d’honneur est mis à respecter cette obligation ».

Les ancêtres, « ntaolo » pour les Malgaches et les pré-« Incas » pour la civilisation des Andes ont donc déjà fortifié les bases d’une politique et une gestion de la cité solide. L’époque actuelle n’a pas su concilier ce modèle dans les nouveautés apportées par le contact avec « l’époque moderne ». Nouvelles économies, nouvelles technologies, nouvelles valeurs, nouvelles répartitions du monde et de ses tensions. Chez les Péruviens, la colonisation espagnole a désorganisé le système communautaire. D’abord par l’accaparement des terres par les colons, ce qui présente des similitudes avec Madagascar, où les missions religieuses étaient en première ligne. Avec les « sociétés capitalistes » et agricoles détenues par des grandes familles de colons. Transformation des rapports de production, le tissu économique traditionnel ne résiste pas à la pression des colonisateurs. L’adaptation sous contrainte a été le coup de balayage fatidique sur l’« atero ka alao ».       

Culture du peuple, l’« atero ka alao » et l’« ayni » possèdent également « philosophie universelle de la réciprocité humaine ». Au Nord du Pérou, la civilisation la plus ancienne, « Caral », a été répertoriée entre 2600 et 1800 avant J.C. Sous diverses appellations, « atero ka alao » se retrouve presque dans toute l’île, tant qu’il y a des plantations. Bien que la pratique n’est pas uniquement basée sur l’entraide agricole. La « civilisation du riz » est aussi une des clés de lecture de cette tradition. Cependant, les chercheurs confirment la convergence de l’Afrique et de la civilisation austronésienne. Si l’Asie du sud–est a apporté le riz et la culture autour de l’harmonie sociale par le biais du « gotong royong ». L’Afrique a donné la dimension symbolique du partage par l’« ubuntu ». Madagascar a su combiner les deux à travers le « fihavanana ». Cela renforce aussi que le « fihavanana » n’est pas un concept figé, dans le temps et dans la morale. Cette vision de l’immobilité et du « statu quo » est de plus en plus biaisée au regard de l’histoire économique pré-coloniale de Madagascar.

Maminirina Rado

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