Affaire Ravatomanga : Cinq médecins d’Etat ont fait la contre-expertise médicale

L’affaire Ravatomanga connaît un nouveau rebondissement. Mardi 28 octobre, l’homme d’affaires malgache Maminiaina Ravatomanga, hospitalisé à Maurice depuis plus d’une dizaine de jours, a fait l’objet d’une contre-expertise médicale ordonnée par les autorités mauriciennes. Une équipe de cinq médecins de l’État, comprenant notamment un cardiologue et un psychiatre, s’est rendue à la clinique où le magnat est admis pour procéder à une évaluation complète de son état de santé. Cette démarche vise à déterminer si son état lui permet de se présenter devant les enquêteurs de la Financial Crimes Commission (FCC), dans le cadre de l’enquête en cours. L’avocat du milliardaire, Me Siddhartha Hawoldar, a confirmé à la presse mauricienne ne pas avoir encore eu accès au rapport officiel de cette contre-expertise. Toutefois, il a estimé, au vu des échanges avec l’équipe médicale, que la santé de son client ne lui permet pas actuellement de se déplacer dans les locaux de la FCC. « Mon client est toujours en observation médicale et doit bénéficier de soins constants », a-t-il déclaré, avant de préciser avoir demandé à la FCC que toute audition se tienne directement à la clinique, dans le respect des prescriptions médicales. Cette situation ajoute une nouvelle couche de complexité à une affaire déjà sensible. En effet, selon des sources policières, une partie du dossier liée aux allégations visant le commissaire Junaid Fakim, haut responsable au sein de la FCC, a été transféré au Central Criminal Investigation Department (CCID). Ces allégations portent sur de supposées pressions internes et divergences autour du traitement du dossier Ravatomanga. Aucune confirmation officielle n’a toutefois été donnée, les autorités mauriciennes évoquant simplement une « collaboration interservices » entre la FCC et le CCID, afin d’assurer l’impartialité de l’enquête. Pendant ce temps, à Antananarivo, la dimension politique du dossier s’intensifie. La récente nomination de Fanirisoa Ernaivo, surnommée la dame de fer, au poste de ministre de la Justice, est perçue comme un signe défavorable pour le magnat. Longtemps considérée comme l’une de ses adversaires jurées, Ernaivo a bâti sa réputation sur son intransigeance à l’égard des grandes fortunes et des élites économiques soupçonnées de collusion ou de corruption. Son arrivée à la tête du ministère ne fait qu’alimenter les spéculations sur un possible durcissement judiciaire contre Ravatomanga à Madagascar, où son nom reste lié à plusieurs affaires politico-financières. Entre Port-Louis et Antananarivo, le dossier Ravatomanga semble désormais dépasser la simple sphère et est en train d’explorer d’autres formes plus complexes.

D.R