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samedi, novembre 1, 2025
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Diego-Suarez : L’art oratoire traditionnel et le slam 

Le samedi 25 octobre dernier, s’est déroulée la compétition régionale de Madagaslam. La lauréate Luciana Mosesy en sort gagnante et participera pour la deuxième fois l’édition Slam National XVIème édition. 

Elle n’est plus à présenter. Gagnante de la grande finale de slam de la journée nationale des Réseaux d’honnêteté et d’intégrité (JNRHI), qui s’est déroulée au gymnase d’Ankorondrano le 10 juillet 2024, première lors du Festival Nofy qui s’est tenu à Toamasina du 11 au 17 novembre de la même année, elle figure parmi l’équipe occupant la troisième marche du podium du slam national XVè édition. Désormais, la jeune femme de 22 ans a bon espoir de remporter la victoire cette année. Ses textes sont tranchants, pointus et incisifs et elle a un collectif qui la soutient. 

De Mis’Art au Slam Suaré

Avant, c’était Mis’Art. Ayant été fondé en 2010 par des jongleurs de mots tels que Belumar, Benjen, Sivy Cyclone, Mohamed Ali, ce groupe a été abrité par l’un des centre culturel le plus fréquenté d’Antsiranana, La Terrasse du voyageur. Dès lors, des ateliers et des échanges s’y sont effectués. D’ailleurs, le nom Mis’Art a un double sens. Le premier signifie mettre en relief l’art oratoire en particulier. D’autre part, les créateurs ont joué avec le mot malgache mizara, qui signifie littéralement partager. Entre 2015 et 2016, des cadets sont adoubés par les aînés de Mis’Art. Ces derniers vont les encadrés pour créer Slam Suaré entre 2015 et 2016. Rojo Rakotobe, Hugo Gool, Beupha et autres talents redorent le blason. Ceux-ci vont également transmettre le savoir-faire à une nouvelle génération qui déborde d’inspiration à savoir Konahy JR, Bigstone, et la jeune Luciana Mosesy. En 2020, la période de Covid a mis en veille les activités artistiques mais elle a pourtant été une occasion pour les auteurs modernes de peaufiner leurs œuvres. Pendant deux ans, les membres de l’équipe se sont concertés et ont mis en avant la communication. En 2023, la base était solide et le slam a pris de l’amplitude dans la ville du Pain de sucre et la région septentrionale en général. 

L’accent Tavaratra, une référence

Constitué de trois principaux dialectes, betsimisaraka à l’Est, sakalava bemihisatra et bemazava à l’ouest, l´antakarana-anjoaty au centre est incontestablement riche en vocabulaires. Bien entendu, cette fusion est un atout pour la population locale. Outre l’expression scénique, les faciès sont illustrés d’une façon naturelle. Le dramaturge Joë Reydellet a d’ailleurs appuyé ces qualités, « les Diégolais sont très expressifs… Des comédiens de nature ». À ces aptitudes s’ajoute la maîtrise de la littérature orale. Le Nord vit aux rythmes des chants du terroir comme le jijy qui est composé de rimes improvisées et rythmées ou le gomalahy signifiant chœur d’hommes. Tous ces héritages sont exploités par les jeunes slameurs de la ville du Varatraza. « Les richesses culturelles, nous les exploitons pour montrer que le slam renforce le sens de l’émotion, les paroles, et l’environnement qui nous entoure », a souligné Bastino Andrianahy Zanadaory alias Konahy Jr, participant à la coupe du monde de Slam à Togo novembre 2024. Oui, le slam Tavaratra est bel et bien teinté de l’éloquence et la rhétorique traditionnelles. 

 « Le point d’eSlamation »

Au début, les universitaires s’y sont mis, mais aussi les stars comme Lys Misizara, Deborah, Tom Poezy, l’Université d’Antsiranana compte plus d’une bonne centaine de slameurs et slameuses puisque depuis trois ans, des concours sont organisés dans l’établissement ou dans des centres culturels à savoir La Terrasse du Voyageur, Alliance française, Art’Manja, la Grande Maison de la Culture Banja. En 2023, introduit dans le programme parascolaire, la discipline franchit dorénavant la porte des lycées publics et privés. De fil en aiguille, les collégiens et les écoliers sont séduits par les performances de leurs grand-frères. Un enseignant de malgache a même défini le slam par ces quatre mots : Sehatra, Lahateny, Alamina, Mirindra, soit Scène, Littérature, Art, Mouvement. 

Par ailleurs, le slam semble être un passage obligé pour les chanteurs de la musique urbaine. Serge Botoudi alias Oksi, avant de prendre un virage vers l’afro pop, a été un slameur réputé pour ses rimes envoûtantes. Bien qu’il soit dans le monde musical, le jeune homme n’a en aucun cas oublié son point de départ ! 

Le slam arrive dans la province d’Antsiranana quatre ans après sa création aux États-Unis, et y a élu un fief, c’est un territoire incontournable de la poésie performée. DIANA et SAVA demeurent les pépinières des poètes urbains. Les centres culturels, en l’occurrence La Terrasse du voyageur, sont des temples de cet art. 

Iss Heridiny 

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