
Alors que des inquiétudes commencent à se répandre parmi ceux qui ont participé aux manifestations, un comité dédié à la défense et au suivi des revendications vient d’être créé.
Hier, à Mahamasina, 36 organisations de divers horizons ont fait front commun pour donner naissance au « Komity Miaro ny Tolona (KMT) ». Ce nouveau comité rassemble des acteurs issus de la société civile, des partis politiques, des syndicats et des représentants du mouvement Gen Z, dans une démarche visant à défendre et à suivre de près les revendications des manifestants. Leurs objectifs sont clairs : veiller à ce que les luttes pour un véritable changement ne se transforment pas en simples promesses non tenues. « La chute du régime Rajoelina n’est qu’un premier pas, il reste encore à refonder la Nation », a déclaré Lanto Rakotomavo, l’une des figures de proue du mouvement.
Rempart
Lors de cette cérémonie de lancement, une équipe dirigeante a été mise en place pour coordonner les actions du KMT. Lanto Rakotomavo a été élue coordinatrice nationale, Miary Rasolofoarijaona occupera le poste de secrétaire exécutif, tandis que Tafita Toussaint Livarijaona a été désigné trésorier. Dans son discours, Lanto Rakotomavo a insisté sur le sérieux et la responsabilité de cette équipe, ajoutant que d’autres structures de soutien verraient bientôt le jour. Le comité a également reçu le soutien de partis ayant des membres au sein du gouvernement d’Herintsalama Rajaonarivelo, marquant ainsi sa volonté de se positionner en rempart contre toute tentative de récupération politique qui pourrait annihiler les sacrifices des manifestants. Les jeunes du mouvement Gen Z jouent d’ailleurs un rôle déterminant au sein de cette initiative.
Malaise
Cependant, l’enthousiasme suscité par les événements du 11 et du 15 octobre, lors desquels l’armée a annoncé avoir pris le pouvoir après la destitution du président Andry Rajoelina, laisse aujourd’hui place à un sentiment d’amertume et de crainte. Un malaise s’est progressivement installé, nourri par la crainte que les luttes populaires soient récupérées par la même classe politique ayant partagé le pouvoir durant les deux dernières décennies. Certaines voix commencent à dénoncer le maintien de responsables issus de l’ancien régime à des postes décisionnels, ou encore la persistance de la culture de l’impunité. Le retour de certaines figures politiques ayant un lourd passé, ainsi que le partage des portefeuilles ministériels comme un simple « gâteau » à partager, renforcent cette inquiétude.
Même les personnalités qui composent l’équipe dirigeante du KMT suscitent des interrogations. Leur profil ne semble pas refléter le changement radical que la rue attend. Si le comité est perçu par certains comme une balise contre les dérives, d’autres se demandent si cette nouvelle structure parviendra à incarner les aspirations profondes de la population.
Julien R.



