
Ces six derniers mois, les organisateurs événementiels proposent les chansonniers de l’afrobeat, et de ragga-dancehall aux villageois. La musique urbaine, cette sonorité appréciée par les jeunes citadins, a atteint la zone rurale.
La domination de la musique digitale dans les campagnes s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la migration saisonnière du rural vers la ville. Les paysans y vont exercer leurs compétences, en particulier pendant les périodes où le travail agricole est moins intense. Autrement dit, ils se transforment en maçons à leur jour de repos, la plupart d’entre eux se désaltèrent aux bistrots ou dans des petits et moyens clubs où ils découvrent les chansons. À force d’écouter les mêmes cadences, ils finissent par demander à l’animateur les intitulés des morceaux. Et une fois au bercail, ils mettent ces sons en boucle. De fil en aiguille, l’ensemble des villageois sont influencés.
En outre, l’extension de l’agglomération impliquant le déplacement de populations vers les périphéries, métamorphose les campagnes environnantes. Les citadins, lassés par la pollution sonore, s’installent en brousse. Souvent équipés d’un panneau solaire de haute performance, les nouveaux venus impressionnent les autochtones. Lors d’éventuelles festivités, ces premiers convient les derniers. Hormis les festins offerts en guise de remerciement pour l’hospitalité des agriculteurs, des dédicaces musicales leur sont également adressées.
Sous un autre angle, le monde musical s’avère saturé dans les chefs lieux de provinces ainsi que dans les capitales des régions. Les artistes, à savoir les chanteurs en herbe poussent comme des champignons, ce qui implique une situation de concurrence intense. De ce fait, les managers suggèrent à leurs poulains de composer des mélodies hybrides fusionnant les chants du terroir et la cadence moderne. Certes, cette stratégie ne date pas d’hier, mais elle s’est améliorée ces deux dernières années par le biais des beatmakers. En effet, bien que le tempo soit mixé, les ruraux se reconnaissent à travers les paroles et surtout la résonance. Ainsi, lors des célébrations, les entrepreneurs culturels sollicitent les chanteurs(ses) afin de satisfaire les cultivateurs et les éleveurs.
Les managers sont aussi persuadés que les concerts dans les zones reculées sont plus lucratifs qu’en ville. « Les initiateurs sont de bons payeurs. Non seulement, ils respectent le contrat, mais s’occupent des artistes. C’est une des raisons pour lesquelles notre équipe adore se produire dans les contrées éloignées », a attesté l’encadreur, Claudio Razakamandresy.
Iss Heridiny



