Le 31 octobre dernier, la Police nationale, par le biais du Service central des enquêtes spécialisées et de la lutte contre les fraudes (SCESLF), a arrêté un homme soupçonné d’avoir participé à un réseau d’exploitation de ressortissants malgaches au Cambodge. Cette arrestation fait suite à la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’images montrant les conditions de vie déplorables de jeunes Malgaches contraints au travail forcé dans ce pays d’Asie du Sud-Est. Ces vidéos et photos, devenues virales sur Facebook, ont révélé des cas d’abus et de privation de liberté relevant clairement de la traite humaine. Selon les premières conclusions de l’enquête, les victimes auraient été recrutées à travers des offres d’emploi et de formation publiées sur Facebook, WhatsApp ou TikTok. Ces annonces promettaient des opportunités alléchantes : formation gratuite, emploi garanti et salaires mensuels pouvant atteindre 700 dollars, soit plus de 3 millions d’ariary. Mais une fois arrivées au Cambodge, la réalité s’est avérée dramatique. Leurs passeports et documents personnels ont été confisqués dès leur arrivée. Surveillées par des gardes armés, elles étaient contraintes de travailler dans des conditions assimilables à l’esclavage, notamment dans des activités d’arnaques en ligne. Grâce à la collaboration entre les autorités malgaches et cambodgiennes, 16 ressortissants malgaches ont pu être rapatriés à Madagascar. Parallèlement, plusieurs auteurs présumés ont été arrêtés par la police cambodgienne. Les investigations menées par la Police nationale ont également permis d’identifier un intermédiaire malgache, soupçonné d’avoir facilité le départ des victimes vers le Cambodge. Cet homme percevait entre 500 000 et 700 000 ariary par personne envoyée, en plus d’une commission de 25 dollars (environ 100 000 ariary) versée par ses complices cambodgiens. Présenté au parquet le 3 novembre, le suspect a été placé en détention provisoire à la prison d’Antanimora. Dans un communiqué, la Police nationale appelle la population à la vigilance face aux offres d’emploi à l’étranger jugées trop belles pour être vraies. Elle invite chacun à vérifier la fiabilité des recruteurs et des agences avant toute démarche, afin d’éviter de tomber dans les filets de la traite et de l’exploitation humaine. L’enquête se poursuit afin d’identifier d’autres complices potentiels et de démanteler entièrement ce réseau transnational.
Yv Sam



