
Les coupures d’électricité s’aggravent à cause de l’insuffisance de débit d’eau au niveau des centrales hydroélectriques. En parallèle, les revendications des syndicats de la Jirama, contre la direction générale, pèsent sur les activités de cette société.
La tension monte sur deux fronts pour la compagnie nationale d’eau et d’électricité. D’un côté, les syndicats des employés ont engagé un mouvement social. De l’autre, le Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA) subit un déficit de production qui impose des délestages tournants. Entre revendications et contraintes techniques, l’équation de l’électricité reste délicate. À noter qu’une réunion de conciliation a rassemblé le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures (MEH), Ny Ando Jurice Ralitera ; la ministre de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, Anjaratiana Elia Razafindrianiaina ; ainsi que le DG de la Jirama, Ron Weiss, vendredi dernier. Les doléances du syndicat ont été enregistrées et des pistes ont été avancées à savoir : la révision des statuts pour corriger les articles litigieux avec recherche d’un compromis, l’examen du volet social à la mesure des capacités de l’entreprise et l’évolution du Conseil d’administration une fois les statuts amendés, la transmission des dossiers des employés incarcérés pour un examen individualisé par la Justice. Quant à la demande de départ du directeur général, un audit de gestion et financier doit éclairer toute décision. Le ministère a rappelé le respect du cadre légal de la grève et le droit au travail de ceux qui souhaitent assurer le service. La fermeture forcée de certaines agences a déjà privé la société d’environ 20 milliards d’ariary.
Projets en cours
Sur le terrain de l’offre, la Jirama multiplie les parades pour combler le manque de production. Une option d’urgence privilégie l’achat local de groupes électrogènes totalisant 30 mégawatts, tandis que les gros consommateurs sont invités à l’auto-approvisionnement aux heures de pointe afin d’alléger la charge du réseau. En parallèle, des centrales solaires montent en puissance. À Ikianja, commune d’Ampangabe, un champ solaire de 10 mégawatts-crête injecte déjà progressivement de l’énergie et doit augmenter son apport dès la semaine prochaine. Depuis octobre, environ 4 mégawatts-crête (MWc) sont entrés sur le réseau avec une économie cumulée de 78 000 litres de gazole, objectif porté à 5 mégawatts-crête à très court terme. À Ambatomirahavavy, une centrale de 1,5 MWc fonctionne depuis octobre avec 2610 panneaux, 1 mégawattheure de batteries et des onduleurs supervisés à distance. Elle a permis d’économiser près de 49 000 litres de gazole le mois dernier, selon le MEH. À Mangatany, une autre installation de 9,5 MWc doit débuter ses injections par blocs de 5, puis 3 et enfin 1,5 MWc. Selon les explications, 15 408 panneaux, 6 MWh de stockage et une ligne à 35 kilovolts sont en place, avec un transformateur attendu en accéléré. Cette installation permettra trois fois plus d’économie par rapport à Ambatomirahavavy. Reste un obstacle majeur. La production hydraulique recule avec l’étiage. À Andekaleka, pilier du réseau d’Antananarivo, un seul groupe sur quatre fonctionne en soirée et ne délivre que 24MW contre une puissance nominale de 30MW. Entre contraintes de ressources et bras de fer social, la sortie de crise passera par un dialogue effectif et des solutions énergétiques rapidement opérationnelles.
Antsa R.




