Face au pouvoir colonial, des stratégies plurielles ont été déployées : soutien et opposition, appropriation de ce qui fait la force du conquérant pour mieux combattre la domination. En ville, des personnes venant de diverses régions, dotées de musiques différentes, se rencontrèrent dans des circonstances inhabituelles. Pour survivre dans ces conditions, elles mirent en musique leurs difficultés, leurs anxiétés et leurs petits bonheurs. Elles mêlaient des éléments provenant de leurs zones d’origine ; elles puisent dans toutes les importations inouïes auxquelles permettait d’accéder l’univers colonial. Les métropoles diffusent des rythmes qui, d’abord, attirent les colonisés, notamment des variétés européennes notamment françaises sur des disques que vendaient les commerçants. Les chansons se mirent à parler de la ville et des émois contrastés qu’elle suscitait mais également de la complexité des relations sentimentales et du délabrement moral. Néanmoins, c’est seulement lorsque la musique fut utilisée délibérément à des fins de propagande et de mobilisation nationaliste que les paroles en devinrent explicitement politiques. La musique accompagne la révolution !
Iss Heridiny
