La Grande île a fait bouillonner la zone sud-ouest de l’océan Indien depuis la fin du mois de septembre. Sa génération Z, courageuse, a renversé en un clin d’œil le chef d’État qui voulait, disons, « arranger les choses »… qui ne se déroulaient pas comme prévu.
L’audace des Malgaches a été un exemple à suivre, selon leurs frères africains. Le continent a hoché la tête, comme il y a six ans, lorsque les zébus téméraires — les Barea — ont prouvé, en Égypte lors de la CAN 2019, qu’ils n’étaient pas venus pour faire le cirque ni le rodéo. Mais au fil du temps, le zébu a traversé une période de vaches maigres. En réalité, la dégringolade a commencé lorsqu’un homme parachuté dans l’arène politique s’est vu offrir une veste bien trop large pour sa poitrine : la mégalomanie.
Il savait animer la foule, jusqu’à ce que le public, lassé, décide de l’expulser de la scène. Voilà que Madagascar est de nouveau acclamé par ses voisins de l’autre côté du canal du Mozambique. La terre mère a tremblé, et les compliments pleuvent de partout. Des comparaisons ont été hâtivement faites entre le courageux capitaine des pays intègres et le colonel brave qui a su dire non à la violence envers son peuple. Sur les réseaux sociaux, les deux photos de ces figures sont soigneusement mises côte à côte. Des influenceurs ont salué le courage de la jeunesse malgache. Les chaînes de télévision étrangères ont diffusé des émissions spéciales consacrées à ce pays qui, depuis des décennies, flotte sur les vagues violentes de la pauvreté.
Les coupures d’eau et les délestages ont engendré une colère noire au sein de la population. Du « Mila jiro sy rano » (besoin d’eau et d’électricité), le mot d’ordre est passé à « Miala Rajoelina » (Rajoelina dehors). La situation a évolué si rapidement que le chef de l’État s’est empressé de dissoudre le gouvernement. En dépit de cette décision, le tolona — la manifestation — s’est encore intensifié. Finalement, le président et ses bourreaux sont partis sans dire au revoir. Chacun sa route, chacun son chemin.
Certains se sont demandé si la prophétie du pasteur, convaincu que Madagascar sécherait les larmes de l’Afrique, venait de se réaliser. Toutefois, les Malgaches sont pleinement conscients que leurs problèmes ne se résoudront pas d’un simple claquement de doigts. Néanmoins, le mal est passé — au suivant ! Les successeurs, quant à eux, avancent avec prudence…
Par ailleurs, l’électricité demeure une denrée rare. L’obscurité couvre encore les foyers. Le coup de marteau a résonné dans toute la région. La preuve : une pierre a atterri accidentellement à l’île Maurice. Le problème malgache est devenu un ennui presque « indianocéanique ».
Iss Heridiny
