
Dans le dernier rapport de l’UNICEF « La situation des enfants dans le monde 2025 », le constat est sans appel : 417 millions d’enfants, dont des enfants malgaches, vivent dans la pauvreté et ne peuvent satisfaire au moins deux besoins essentiels, concernant notamment la nutrition et l’assainissement.
Le rapport évalue la pauvreté multidimensionnelle dans divers pays du monde, sur la base de données issues de 130 pays à revenu faible et intermédiaire parmi lesquels figure Madagascar. L’analyse mesure les privations subies par les enfants dans les domaines de l’éducation, la santé, la nutrition, du logement, de l’assainissement et de l’accès à l’eau. Il en ressort que 118 millions d’enfants souffrent d’au moins trois privations, tandis que pour 17 millions de cas, il s’agit de quatre privations ou plus.
Concernant Madagascar en particulier, le rapport indique que 67% des enfants subissent au moins deux privations et 40% font face à trois privations ou plus. Les enfants de la région Androy et du Menabe sont les plus touchés. Le taux de pauvreté multidimensionnelle dans ces régions atteint 90%. Ces constats sont le reflet d’une réalité en Afrique subsaharienne (et en Asie du Sud) où se concentrent les taux de pauvreté multidimensionnelle les plus élevés chez les enfants.
Pas irrémédiable
L’assainissement est le domaine dans lequel les privations graves sont les plus couramment observées dans les pays à revenu faible. Dans ces pays, 65% des enfants n’ont pas accès à des toilettes. Une situation qui n’est pas sans conséquences sur la santé des enfants car le non-accès à des infrastructures d’assainissement expose davantage les enfants aux maladies. Toutefois, le rapport indique que la situation n’est pas sans issue. Un engagement des gouvernements à mettre fin à la pauvreté touchant les enfants au travers de politiques efficaces, mettrait ces derniers à l’abri des risques majeurs.
Pauvreté monétaire
Outre la pauvreté multidimensionnelle, la pauvreté monétaire a également été observée dans ce rapport. Elle a des conséquences directes sur l’accès des enfants à la nourriture, à l’éducation et aux services de santé. Environ 19% des enfants dans le monde (dont 90% vivent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud) sont touchés par une pauvreté monétaire extrême, autrement dit, disposant de moins de 3 dollars par jour pour subvenir à leurs besoins.
À Madagascar, 83% des enfants vivent en dessous du seuil national de pauvreté monétaire (1,453,987 Ar/an), contre 75% de la population totale, selon les estimations de l’Institut National de la Statistique (INSTAT) et l’UNICEF. Ce taux atteint 88% chez les enfants en milieu rural, contre 59% en milieu urbain.
Stagnation
En dix ans, de 2013 à 2023, la proportion d’enfants subissant une privation grave dans les pays à revenu faible et intermédiaire a connu une baisse appréciable, passant de 51% à 21%. Ce, grâce aux politiques et planifications économiques nationales donnant la priorité aux droits de l’enfant. Toutefois, on assiste aujourd’hui à une stagnation des progrès en raison des conflits, des crises climatiques, de l’augmentation de la dette nationale ou encore des fractures technologiques de plus en plus profondes, note le rapport, tout en soulignant que la pauvreté affecte la santé, le développement et l’apprentissage des enfants. Ce qui a pour conséquences d’amenuiser leurs perspectives d’emploi, une fois devenus adultes, de raccourcir leur espérance de vie et d’augmenter les risques de dépression et d’anxiété. Les enfants les plus jeunes, ceux en situation de handicap et ceux vivant en situation de crise sont les plus vulnérables.
Hanitra R.





