Le Premier ministre a révélé un pan de voile de la formation du gouvernement. Il envisage accoucher d’une équipe avec moins de ministres. L’idée enchante parce qu’avec trente deux ministres autour d’une table pour des résultats qui laissent à désirer, le souci d’économie qu’il manifeste ne pourrait qu’être la bienvenue. Mais le Premier ministre, militaire et chef d’entreprise, gagnera-t-il ce pari qui relève de la gageure ? Une semaine après sa nomination, sa détermination a apparemment pesé sur les choix opérés. Il a réglé les problèmes de personnalités et de sensibilités qui apparaissent d’habitude. Il lui faut arriver en quelque sorte à faire rentrer l’édredon dans la valise. Ceux qui en ont fait l’expérience savent que resserrer n’est pas en pratique facile surtout s’il faut arbitrer entre les anciennes et les nouvelles têtes.
Gouvernement resserré
Le gouvernement sera composé de politiques et de techniciens. Le Premier ministre l’a déjà déclaré. Tant mieux, s’ils sont compétents et efficaces. Mais c’est le resserrement qui suscite beaucoup de questions dans les coulisses. Le passé apprend qu’une cure d’amaigrissement du gouvernement est une pilule dure à avaler. Elle peut provoquer déceptions et grognes que l’Exécutif dans son ensemble doit assumer. Il arrive que des soutiens de la première heure soient sacrifiés au profit de nouveaux entrants dont on ne sait s’ils brasseront du vent, ou s’ils feront vraiment la différence. Une chose est sûre, à chaque changement de gouvernement, on se bouscule pour avoir une place. On sait que c’est celui qui n’obtient rien, même pas un strapontin, qui assumera le rôle de l’opposant au régime. Aujourd’hui, tout est déterminé par les rapports de forces nés des alliances politiques à l’Assemblée nationale. Deux camps politiques commencent à s’y dessiner malgré la majorité instable avec plus de précision, même si les textes entretiennent le flou. Le président de la République, en tout cas, ne laissera pas tomber les courants politiques qui assurent la majorité dont il a besoin, surtout en ce moment où les relations politiques avec son prédécesseur au pouvoir ne sont pas des plus amicales. Même si le président de la République ne laisse rien transparaître de ses soucis en chef d’orchestre de la réconciliation nationale mise en œuvre par le FFKM, il tient à l’apaisement pour mieux ratisser large et pour asseoir nettement sa légitimité au pouvoir. La composition du gouvernement qui verra le jour ne pourra que refléter cette philosophie. Le Premier ministre veillera aux critères de compétence et d’efficacité de son équipe surtout si les ministres auront à cumuler des portefeuilles afin de préserver l’argent public.
Zo Rakotoseheno