
Selon le rapport-pays 2025 de la Banque africaine de développement, le marché financier malgache est peu diversifié et peu développé. Il comprend principalement le marché bancaire, le marché monétaire, le marché de change et le marché des titres publics. Extraits.
Produits limités
Selon ce rapport de la BAD, le secteur bancaire représente plus de 80 % du total des actifs financiers, et contribue à hauteur de 30,1 % du PIB. Il offre des produits très limités avec un coût élevé du prêt (en moyenne 15%). Ceci constitue un frein à l’accès au crédit, notamment pour les micros, petites et moyennes entreprises. En 2024, les crédits bancaires ont progressé de 8,8 %, contre 1,3 % en 2023, soutenus par la bonne tenue des crédits de trésorerie et d’investissement. Le secteur des assurances représente 5,5% du secteur financier. Sur le marché monétaire, les interventions de la BFM se sont soldées par une injection nette de liquidité de 305,1 milliards d’ariary en 2024. Pour le marché des titres publics, l’État a levé, en 2024, des fonds via l’émission de Bons du trésor par adjudication (BTA) et de Bons du trésor fihary (BTF), soit respectivement 58 milliards et 215,2 milliards d’ariary. Au niveau du marché des devises, les interventions de la BFM se sont soldées par des achats nets chiffrés à 485,4 millions US$ en 2024, contre 311,4 millions US$ en 2023, 59 % des transactions étant effectuées en dollar US et 41 % en euro.
Problématique
L’état du développement financier à Madagascar reste problématique. En effet, le taux d’inclusion financière reste faible, atteignant seulement 27 % en 2022, en raison des capacités relativement limitées des institutions financières à mobiliser l’épargne intérieure, qui s’élève à 17,5 % du PIB en 2024. Néanmoins, des progrès notables ont été réalisés ces dernières années : le nombre de points d’accès aux services financiers pour 10 000 adultes de 18 ans et plus, a plus que doublé, passant de 40 en 2018 à 109 en 2022. Le nombre d’utilisateurs de services financiers numériques est passé de 9,8 millions en 2018 à 15,8 millions en 2022 ; et la proportion d’adultes disposant d’un encours de crédit a augmenté de 8 % à 12 % sur la même période. En ce qui concerne le marché des capitaux, un projet de développement du marché des capitaux a été lancé en novembre 2022. La première phase, consacrée à l’élaboration du Capital Market Master Plan (CMMP), s’est achevée en juin 2023 avec l’appui technique de la Société financière internationale (IFC). Le projet est désormais entré dans sa phase de mise en œuvre. La BFM est appelée à devenir le dépositaire central de tous les titres publics, y compris les bons du Trésor par adjudication (BTA), les bons du Trésor Fihary (BTF), et les bons du Trésor spéciaux (BTS) gérés par la Direction générale du Trésor.
Finance durable
Par ailleurs, Madagascar a besoin d’une mobilisation des ressources financières pour son développement. En effet, la finance traditionnelle joue un rôle important dans le financement du développement de Madagascar. Mais la finance alternative n’est pas développée. Le capital-investissement est peu développé, et représenterait environ 500 millions US$. La finance durable se développe avec des initiatives prises par certaines banques : une banque locale a émis des obligations durables en 2024, et une autre banque envisage d’émettre des obligations Tier2.
Les obligations de la diaspora ne sont pas aussi développées, mais les transferts de fonds formels de la diaspora sont importants, estimés à environ 300 millions US$ (1,7 % du PIB) en 2024. Pour tirer parti du potentiel de ces fonds, la BFM a participé au Projet pilote sur les transferts de fonds des migrants de l’Institut Africain des Transferts de Fonds (AIR). La mise en place d’un cadre juridique et règlementaire est nécessaire pour favoriser la transparence au niveau des opérateurs de transferts de fonds, et baisser les coûts de transferts. Régies par la Loi bancaire n°2020-011 du 1er septembre 2020 ou la Loi n°2016-056 du 2 février 2017 sur la monnaie électronique et les établissements de monnaie électronique, les fintechs sont en développement. Les flux financiers illicites (FFI) sont estimés à 330 millions US$ en 2024, soit 18,5 % des recettes fiscales totales et 1,9 % du PIB en 2024.
Ressources financières offshore
Les ressources externes, notamment l’aide publique au développement (APD), les investissements directs étrangers (IDE) et les transferts de fonds de la diaspora complètent les ressources intérieures du pays. Madagascar est très dépendant de l’APD (31,8% du PIB en 2023). La réduction de l’aide américaine, qui est passée de 226,7 millions US$ en 2024 à 9,2 millions US$ en 2025, aura des impacts majeurs sur les programmes de vaccination et de santé de la reproduction, et de sécurité alimentaire, d’éducation avec de nombreux enseignants étant rémunérés par l’USAID, notamment dans le Sud du pays. Concernant les investissements directs étrangers (IDE), ils ont augmenté de 42,5% par rapport à 2023, pour atteindre 478 millions US$ (2,8% du PIB) en 2024, dans les secteurs des télécommunications et des mines, à la faveur des réformes réalisées dans ces secteurs. La loi sur les investissements adoptée en 2023 et la loi sur le PPP en cours de révision, devraient améliorer l’environnement des affaires, et attirer de nouveaux IDE. Pour la diaspora, les transferts de fonds formels auraient significativement augmenté, passant de 4 millions US$ en 1990, à environ 300 millions US$ en 2024. Par ailleurs, Madagascar étant très vulnérable au climat, les financements climatiques (424 millions US$ en 2020) restent insuffisants et doivent être intégrés dans une stratégie de financement mixte, combinant des ressources publiques, privées et concessionnelles des partenaires.
Recueillis par R.Edmond.



