
L’absentéisme parlementaire est désormais lourd de conséquences. La décision rendue le 24 décembre dernier par la Haute Cour constitutionnelle (HCC), actant la démission d’office de Richard Ravalomanana de son poste de sénateur, relance le débat sur le sort d’autres élus brillamment absents lors de la dernière session ordinaire du parlement. On peut citer, entre autres, Lalatiana Rakotondrazafy, sénatrice de Madagascar, le député d’Antananarivo V, Naivo Raholdina et le député d’Antananarivo Atsimondrano Ratsivahiny.
Ces trois parlementaires présentent un point commun majeur avec l’ancien président du Sénat : ils ont manqué la dernière session ordinaire et se sont illustrés par une absence prolongée lors des travaux parlementaires, tant à Anosikely qu’à Tsimbazaza. Depuis la chute d’Andry Rajoelina, le 13 octobre dernier, ces figures pourtant très médiatisées, connues comme de fervents partisans de l’ancien président, ont totalement disparu du radar politique et médiatique.
Silence radio, bancs vides, réunions désertées. Contrairement à d’autres soutiens d’Andry Rajoelina qui continuent de s’exprimer et de participer au débat public actuel, ces élus se sont murés dans un mutisme total. Ils figurent parmi les grands absentéistes de la dernière session parlementaire, une situation qui soulève désormais une question centrale : faut-il s’attendre à leur destitution ?
Le précédent Richard Ravalomanana est, en tout cas, sans équivoque. Le 24 décembre, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a entériné sa démission d’office, le faisant passer du statut de sénateur à celui de simple citoyen, avec la perte de tous les privilèges attachés à la fonction, notamment l’immunité parlementaire. Dans sa décision, la juridiction constitutionnelle rappelle clairement le cadre légal : « Lorsqu’un membre du Sénat manque, au cours de son mandat, à la totalité des séances de l’une des deux sessions ordinaires, sans excuse valable admise par le Sénat, il est déclaré démissionnaire d’office par ce dernier. La démission d’un sénateur est constatée par la Haute Cour Constitutionnelle », précise la HCC.
Concernant le cas précis de Richard Ravalomanana, la HCC souligne que « le sénateur Ravalomanana Richard a été absent à la totalité des séances plénières de la deuxième session ordinaire 2025, dite session budgétaire ». Elle ajoute que « les lettres d’excuses déposées par le sénateur au bureau du Sénat n’ont pas été validées, faute de pièces justificatives annexées ». Plus encore, la juridiction tranche sans ambiguïté : « La présence ponctuelle du sénateur concerné dans une salle de commission du Sénat, pour une durée très brève et sans participation aux travaux parlementaires, ne saurait être assimilée à une présence effective aux séances ».
Une jurisprudence est ainsi posée. Et elle pourrait s’appliquer à d’autres cas similaires. Si les absences de Lalatiana Rakotondrazafy, de Naivo Raholdina et de Ratsivahiny sont confirmées et jugées non justifiées, la mécanique institutionnelle pourrait suivre le même chemin. Désormais, l’absentéisme n’est plus un simple manquement politique : il devient un motif de sanction lourde, aux effets immédiats et irréversibles. À Tsimbazaza comme à Anosikely, un message est passé. Le siège parlementaire n’est pas un titre honorifique, mais un mandat actif. Et l’ère de l’impunité pourrait bien toucher à sa fin.
Rija R.



