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mercredi, décembre 31, 2025
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Interview de S.E.M. JI Ping, Ambassadeur de la République populaire de Chine en République de Madagascar

1. Votre Excellence, comment évaluez-vous les nouveaux développements des relations sino-malagasy en 2025 ? Selon vous, dans quels domaines le partenariat entre Madagascar et la Chine pourrait-il être davantage approfondi ?

Merci de l’attention que vous portez aux relations sino-malagasy. En 2025, la coopération entre la Chine et Madagascar dans divers domaines continue de progresser de manière soutenue. En septembre de l’année dernière, les deux pays ont signé l’«Accord-cadre de partenariat économique entre le gouvernement de la République populaire de  Chine et le gouvernement de la République de Madagascar pour le développement partagé». Au cours des trois premiers trimestres de cette année, le volume des échanges commerciaux bilatéraux a augmenté de 2,2 % par rapport à l’année précédente. Parallèlement, les projets d’ingénierie financés par des prêts préférentiels accordés par le gouvernement chinois avancent régulièrement. La voie rapide reliant l’Aéroport International d’Ivato et le Boulevard de l’Europe a été mise en service, facilitant les déplacements des habitants d’Antananarivo. Les variétés améliorées de riz introduites de Chine ont été testées avec succès dans plusieurs régions, notamment à Ambatondrazaka. Le rendement moyen atteint 7,5 tonnes par hectare, et dépasse 10 tonnes dans certaines zones. Ces résultats ont non seulement rempli les greniers des agriculteurs, mais ont également renforcé l’espoir de sécurité alimentaire pour Madagascar. Cette année marque le 50ᵉ anniversaire de l’envoi de la Mission Médicale de la Chine à Madagascar. La 24ᵉ mission est déjà arrivée et travaille dans quatre sites médicaux. Depuis plusieurs décennies, les missions médicales chinoises, fidèles à leur engagement, sont profondément enracinées à Madagascar et continueront à fournir des services médicaux de qualité au peuple malagasy. En outre, la garde d’honneur de la marine de l’Armée populaire de libération de Chine a été invitée à participer au défilé célébrant le 65ᵉ anniversaire de l’indépendance et de la création des forces armées malagasy, ajoutant un nouvel éclat au développement des relations bilatérales.

Bien que la Chine et Madagascar soient géographiquement éloignés, leur coopération recèle un potentiel considérable. Nous continuerons à soutenir le peuple malagasy dans l’exploration indépendante d’une voie de modernisation adaptée à ses réalités nationales, et à approfondir la coopération bilatérale dans des domaines tels que les infrastructures et les travaux publics, la sécurité alimentaire, l’énergie et les industries minières, la santé publique, ainsi que l’éducation et la culture.

2. Actuellement, Madagascar s’emploie à se positionner comme une destination touristique internationale. Selon vous, quels sont les facteurs les plus déterminants pour le développement du secteur touristique malagasy, et quel rôle le partenariat entre Madagascar et la Chine peut-il y jouer ?

Madagascar se distingue par la beauté de ses paysages, la simplicité et l’hospitalité de sa population, ainsi que par l’abondance de ses ressources touristiques, ce qui confère au secteur un avenir très prometteur. En juin de cette année, l’émission de téléréalité chinoise de Hunan TV Divas Hit the Road s’est rendue à Madagascar pour y tourner des épisodes, invitant sept artistes chinois fameux à voyager à Antananarivo, Andasibe, Morondava et sur l’île Sainte-Marie. Après sa diffusion, le programme a suscité un vif écho en Chine et bénéficié d’une excellente visibilité médiatique, contribuant à accroître sensiblement la notoriété de Madagascar auprès du public chinois et à éveiller un fort intérêt de la part de nombreux touristes chinois pour la destination. Nous espérons que davantage de visiteurs chinois pourront se rendre à Madagascar dès l’année prochaine. Cela étant, le nombre actuel de liaisons aériennes demeure limité, les conditions de transport doivent encore être améliorées et les capacités d’accueil hôtelières restent à renforcer. À cette fin, nous continuerons à apporter notre soutien au développement des infrastructures, à encourager un plus grand nombre d’entreprises chinoises à investir dans le secteur touristique à Madagascar, et espérons également que la partie malagasy saura mobiliser pleinement ses ressources afin que l’Hôtel international d’Ivato, construit avec le prêt préférentiel de la Chine il y a seize ans, puisse jouer pleinement son rôle. Par ailleurs, nous invitons sincèrement la partie malagasy à participer à des salons et foires du tourisme en Chine, afin de permettre à un public chinois plus large de mieux connaître Madagascar.

3. Depuis de nombreuses années, le gouvernement chinois et l’Ambassade de Chine soutiennent de manière constante le développement des étudiants malagasy et œuvrent activement à la promotion des échanges humains et culturels. Quels sont, selon vous, les résultats concrets de la coopération sino-malagasy dans le domaine de l’éducation ?

La coopération entre la Chine et Madagascar dans le domaine de l’éducation a produit des résultats remarquables. Des Instituts Confucius ont été établis à l’Université d’Antananarivo et à l’Université de Toamasina, avec des centres d’enseignement implantés dans plusieurs localités, notamment à Mahajanga et à Toliara, formant au total plus de 150 000 apprenants. Par ailleurs, l’Institut Confucius de l’Université de Fianarantsoa a récemment été officiellement inauguré et s’apprête à lancer ses inscriptions. En outre, des établissements d’enseignement supérieur chinois ont coopéré avec l’École polytechnique de l’Université d’Antananarivo pour créer un « Atelier Luban », proposant actuellement des formations en génie électrique, en génie automobile, en technologies de l’information et en génie mécanique, et contribuant ainsi à la formation de jeunes ingénieurs et techniciens malagasy. Chaque année, la Chine offre également, par l’intermédiaire du ministère malagasy de l’Enseignement supérieur, des bourses d’études permettant à des étudiants malagasy d’effectuer des études en Chine, et les encourage vivement à y postuler. Par ailleurs, l’Ambassade de Chine à Madagascar attribue depuis plus de dix ans consécutifs des bourses de l’Ambassadeur, dont près de deux mille élèves malagasy ont déjà bénéficié.

Il convient également de souligner que la Chine fait partie des rares pays à proposer, au sein de ses universités, des formations en langue malagasy. Cet été, la première promotion d’étudiants en malagasy de l’Université des langues étrangères de Beijing a obtenu son diplôme et est entrée dans la vie professionnelle. Ils constituent, à n’en pas douter, l’un des résultats les plus récents et les plus significatifs de la coopération sino-malgasy dans le domaine de l’éducation.

4. L’année 2026 a été désignée comme l’Année sino-africaine des échanges humains et culturels par accord conjoint des chefs d’État chinois et africains. Dans ce cadre, quels projets de coopération spécifiques sont prévus entre la Chine et Madagascar ?

Les échanges culturels entre la Chine et Madagascar sont bidirectionnels. D’une part, nous souhaitons permettre au peuple malagasy de goûter des soupes chinoises et des litchis chinois près de chez lui, de pratiquer le tai-chi, et de découvrir le cinéma chinois. D’autre part, nous voulons également offrir au public chinois l’occasion de mieux connaître Madagascar. Il est réjouissant de constater que la première œuvre littéraire malagasy sera traduite et publiée en Chine l’année prochaine. Nous sommes convaincus que ce roman permettra à davantage de lecteurs chinois de découvrir les mœurs et les paysages de Madagascar et de mieux comprendre sa culture.

Nous prévoyons également d’organiser de nombreuses activités variées, telles que la Journée internationale du thé, un concours de chansons en chinois, ainsi que le concours « Pont vers le chinois ». Parallèlement, nous encourageons activement les amis malagasy à participer à des événements tels que la Grande Rencontre des Jeunes sino-africains, le Dialogue des civilisations sino-africaines et les réunions des responsables d’organisations de l’amitié sino-africaine, afin de renforcer les échanges culturels bilatéraux et d’approfondir la confiance et la compréhension mutuelles.

5. La Chine est actuellement le principal partenaire commercial de Madagascar. Quel impact cette relation exerce-t-elle sur l’économie nationale et sur la vie quotidienne de la population ? Par ailleurs, la Chine disposant d’un vaste marché international, cela pourrait-il constituer une nouvelle opportunité pour l’exportation des produits agricoles malagasy ? Quelle est l’avancée actuelle de cette coopération ?

C’est une excellente question. En mars 2017, la Chine et Madagascar ont signé le « Mémorandum d’entente sur la promotion conjointe de la construction de la Ceinture économique de la Route de la Soie et de la Route de la Soie maritime du XXIe siècle », faisant de Madagascar l’un des premiers pays africains à conclure avec la Chine un accord de coopération pour la construction de « la Ceinture et la Route ». Le commerce bilatéral a ainsi pris la « voie-express » du développement. Depuis 2015, la Chine est le premier partenaire commercial de Madagascar pour la dixième année consécutive. Selon les statistiques des douanes chinoises, au cours des trois premiers trimestres de 2025, le commerce bilatéral a atteint 1,28 milliard de dollars américains et continue de croître régulièrement. La complémentarité économique sino-malagasy est forte, et le développement du commerce bilatéral illustre pleinement le principe du gagnant-gagnant. Les principaux produits importés de Chine répondent aux besoins urgents de l’industrialisation et de la vie quotidienne à Madagascar. En particulier, les équipements de production d’énergie solaire fabriqués en Chine jouent un rôle important pour résoudre le problème actuel de déficit énergétique à Madagascar. Les produits agricoles et halieutiques malagasy trouvent également de nouveaux marchés en Chine grâce à des événements majeurs tels que l’Exposition internationale d’Importation de la Chine et l’Exposition économique et commerciale Chine-Afrique, où ils rencontrent un large succès. À titre d’exemple, depuis la fin de l’année 2024, plus de 1 000 tonnes de viande ovine malagasy ont été exportées vers la Chine. Les entreprises concernées, en collaborant avec les principales plateformes de vente en ligne chinoises, ont enregistré des ventes exceptionnelles de plus de 60 tonnes en seulement quatre heures. Actuellement, les gouvernements des deux pays œuvrent à faciliter l’exportation vers la Chine d’autres produits agricoles de qualité, tels que les arachides et les haricots verts. Nous sommes convaincus qu’avec l’effort conjoint des deux gouvernements, un flux continu de produits agricoles malagasy de qualité pourra accéder au marché chinois, contribuant ainsi à l’augmentation des revenus et à l’amélioration du niveau de vie de la population malagasy.

6. Comment percevez-vous le rôle des investissements chinois et des entreprises chinoises dans la société malagasy ? À l’avenir, selon vous, dans quels domaines les investissements chinois pourraient-ils contribuer au développement de Madagascar ?

Les investissements directs chinois à Madagascar ont permis de créer près de 20 000 emplois. Depuis longtemps, les entreprises chinoises renforcent leur gestion conforme aux règles locales et s’intègrent activement dans la société malagasy. Elles contribuent de manière significative à la création d’emplois, à la formation du personnel et à la modernisation industrielle, tout en assumant pleinement leurs responsabilités sociales, ce qui leur vaut une large reconnaissance de la part de tous les milieux de la société malagasy.

Lors du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine qui s’est tenu à Beijing en septembre dernier, le président Xi Jinping a souligné que la Chine et l’Afrique devaient œuvrer conjointement pour promouvoir une modernisation ouverte et mutuellement bénéfique. La partie chinoise est disposée à approfondir la coopération avec Madagascar dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, des infrastructures, ainsi que du commerce et de l’investissement. À mon avis, dans le processus d’industrialisation de Madagascar, la construction et le développement des zones industrielles jouent un rôle irremplaçable. Récemment, des entreprises chinoises se préparent à lancer la construction de zones industrielles à Madagascar. Cela constitue non seulement une illustration du renforcement en profondeur des relations économiques et commerciales entre nos deux pays, mais aussi un résultat concret de la coopération, où l’expérience mature des entreprises chinoises en matière de développement industriel contribue à accélérer le processus d’industrialisation malagasy. Nous espérons que la partie malagasy créera un environnement politique favorable à la construction de ces zones industrielles par les entreprises chinoises, en facilitant notamment les procédures administratives, l’accès aux terrains, les formalités douanières et la gestion des devises, afin d’accompagner efficacement la mise en œuvre de ces projets.

7. Si Madagascar souhaite orienter la coopération sino-malagasy vers un modèle de développement davantage centré sur l’industrialisation, quelles perspectives, opportunités ou défis cela pourrait-il représenter pour l’avenir du pays ?

L’expérience du développement de la Chine montre que l’industrialisation constitue une étape incontournable pour les pays en développement souhaitant grimper dans la chaîne de valeur et se libérer de la dépendance à l’exportation de produits primaires. Pour Madagascar, emprunter la voie de l’industrialisation permettrait de transformer l’économie, en passant de l’agriculture et de l’exploitation des ressources naturelles à l’industrie manufacturière, de renforcer sa résilience économique, de créer des emplois et d’accélérer le développement de l’urbanisation.

La Chine a parcouru un chemin d’industrialisation mature, disposant de capacités d’équipement, d’ingénierie et de financement dont les coûts restent relativement maîtrisés, ainsi que d’une expérience réussie dans la construction de zones industrielles et de zones de coopération économique et commerciale en Afrique. S’appuyant sur cette expérience industrielle et ce capital, la Chine est disposée à approfondir sa coopération avec Madagascar dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre et dans la transformation des produits issus de matières premières, afin de contribuer à faire de Madagascar une base régionale de production et d’exportation. Parallèlement, nous espérons que la partie malagasy adoptera davantage de mesures incitatives pour attirer les investissements, et créera un environnement des affaires plus transparent, efficace, stable et prévisible, afin de fournir des garanties institutionnelles solides pour la mise en œuvre des projets d’industrialisation et le développement d’une coopération d’investissement bilatérale à long terme entre la Chine et Madagascar.

8. L’une des priorités de la coopération sino-malagasy concerne le secteur agricole, en particulier la technologie du riz hybride. Cette coopération peut-elle aider Madagascar à atteindre l’autosuffisance alimentaire tout en créant des emplois durables ?

Un proverbe chinois dit que « le peuple considère la nourriture comme le ciel ». Aucun pays ne peut se passer de la question de la sécurité alimentaire. Dans ce contexte, la coopération agricole sino-malagasy, et en particulier la coopération dans le domaine du riz hybride, constitue une composante importante de la coopération pragmatique entre nos deux pays.

Comme mentionné précédemment, le rendement moyen du riz hybride cultivé à Madagascar est deux à trois fois supérieur à celui des variétés locales. En extrapolant ces résultats, il suffirait de cultiver environ 200 000 hectares de riz hybride pour que Madagascar atteigne l’autosuffisance alimentaire. Cette démarche contribuerait également à réduire les dépenses d’importation de riz, à améliorer la structure de ses devises et à renforcer le degré de souveraineté et de maîtrise nationale en matière de sécurité alimentaire.

    La partie chinoise s’est engagée à dépêcher des experts agricoles à Madagascar pour mener des travaux de sélection variétale, des démonstrations de haut rendement et des formations techniques, et à fournir au pays un lot d’équipements agricoles. En tenant compte des traditions et des considérations éthiques de l’agriculture malagasy, nous discutons avec la partie malagasy de la mise en place d’un centre local de production de semences de riz hybride, afin de réaliser la sélection et la production sur place, de réduire le coût d’achat des semences pour les agriculteurs, d’atténuer leurs préoccupations, et de contribuer à garantir la sécurité alimentaire de Madagascar.

9. À l’approche de la nouvelle année, quels sont vos nouveaux  espoirs pour les relations sino-malgasy ?

L’année prochaine, la Chine continuera de soutenir Madagascar dans l’exploration d’une voie de modernisation adaptée à ses réalités nationales ; de maintenir un haut niveau d’ouverture sur le monde ; de promouvoir, avec ses amis malagasy, la coopération dans les domaines du commerce et de l’investissement, de l’énergie, de l’agriculture, des infrastructures et de la culture ; et de participer, avec ses amis malagasy, aux réformes de la gouvernance mondiale afin de faire progresser l’ordre international vers davantage de justice et d’équité, en faisant entendre la voix commune des pays en développement dans les domaines des règles commerciales et de la facilitation des investissements.

À l’occasion du passage à la nouvelle année, je tiens à remercier le gouvernement et le peuple malagasy pour leur soutien et leur confiance durables dans la coopération Chine-Madagascar, et, au nom de l’Ambassade de Chine à Madagascar, j’adresse mes vœux les plus chaleureux à tous les lecteurs.

Je souhaite que l’amitié sino-malagasy perdure éternellement et que notre coopération bilatérale atteigne de nouveaux sommet!

S.E.M. JI Ping, Ambassadeur de la République populaire de Chine en République de Madagascar.

Partenariat rémunéré – M-CL024691

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