Il est parti d’un rien mais il a pu étendre ses activités dans plusieurs domaines clés de l’économie en créant le groupe AND comportant six entreprises. C’est un self-made man. Il s’agit de Rakotovao Andriambololonirina, marié, qui a été tué d’une manière atroce à l’âge de 53 ans. Sa famille et ses proches collaborateurs font son portrait.
Amour de la patrie. Mathématicien de formation, Andry Rakotovao a commencé très tôt sa carrière en étant jeune collecteur et décortiqueur de riz. « Il a loué un véhicule pour démarrer la collecte de produits locaux surtout dans la région Alaotra Mangoro. Ensuite, il a pu acheter une voiture 404 bâchée. Maintenant, il dispose de plusieurs camions semi-remorques, pour ce faire », a raconté Solofo Rakotoson, son cousin germain, travaillant au sein du groupe AND depuis plus de 20 ans. Il l’a formé pour être membre du staff de la direction du groupe. En outre, Andry Rakotovao aimait toujours se perfectionner. C’est pourquoi, il a poursuivi des études spécialisées en management et stratégie d’entreprise. Après ses études, il a commencé une brillante carrière professionnelle en tant qu’administrateur d’entreprise à Anvers et Charleroi, en Belgique. En dépit de tout cela, il a décidé de revenir et de s’installer définitivement à Madagascar en 1998, et ce, par amour pour sa patrie.
Deux nouvelles usines. Et maîtrisant bien l’anglais, cet opérateur a plutôt une vision anglophone dans la gestion de ses entreprises, et dans le développement de la nation, en général. Il a pu développer ses activités en amont jusqu’en aval de la filière riz, en se souciant de la production de semences améliorées via la gestion du Centre de Multiplication de Semences d’Anosiboribory, tout en se lançant dans l’exploitation à grande échelle de riziculture. Andry Rakotovao était en plus très connu dans la collecte des produits locaux. Il a en même temps assuré la transformation, la distribution, l’exportation et l’importation de riz. Il est élu, par ses pairs, Président national de la Plate-forme de Concertation pour le Pilotage de la filière Riz à Madagascar (PCP-Riz). Il est en même temps le PDG du groupe AND touchant les secteurs clés comme le transport terrestre et aérien, la communication, l’exploitation forestière et surtout l’agro-industrie. Il a été d’ailleurs le vice-Président national de l’Association Professionnelle des Transporteurs Routiers à Madagascar. En outre, « nous venons d’importer deux nouvelles usines de rizerie de dernier cri, prêtes-à-monter, qui sont prévues à être installées à Antananarivo et à Ambatondrazaka », a révélé Jeo Rakotovao, son frère benjamin.
Pilier de développement. Depuis 2013, Andry Rakotovao a créé l’Association Nationale pour le Développement Rural et Industriel de Madagascar ou « ANDRIN’I Madagasikara » pour se présenter à l’élection législative, en vue de contribuer à la relance économique du pays. En fait, il est convaincu que le développement de l’économie rurale, surtout l’agribusiness, reste le pilier de développement de la nation. Son parti dispose de deux députés élus à Tsiroanomandidy et Fenoarivobe. Au travail, « notre patron nous a tous formés. J’étais main-d’œuvre au début de ma carrière. Il m’a appris à cuisiner, à gérer un magasin, à faire de la mécanique et à conduire. Je maîtrise tout cela et je sais maintenant conduire un camion », exprime Rakotonirina Andrianavalona Julien, son employé depuis 13 ans. Andry Rakotovao considère ses employés comme sa famille. « Les jeunes sont ses enfants, ceux qui ont le même âge que lui sont ses frères. Par contre, il considère les plus âgés en tant que « Ray aman-dreny ». Et il aime bien créer une ambiance au travail tout en restant sévère. Quand on partait en mission, il partageait toujours les mêmes repas avec nous. Notre patron emmenait également ses employés tour à tour en hélicoptère pour voyager dans les régions. C’était une grande surprise pour moi », avoue-t-il. Ce n’est pas tout ! Il éprouve de l’empathie aux gens. « Il ne renvoie pas ses employés malgré leurs erreurs inadmissibles. Et ceux qui ont démissionné mais reviennent travailler, même à plusieurs reprises, il les a toujours accueillis à bras ouverts », rajoute-t-il.
Goûters préférés. Comme passion, « il aimait acheter une voiture 4×4 neuve de dernier cri. Il adorait également faire la cuisine avec notre mère, et on mangeait ensuite ensemble », raconte son frère, Jeo Rakotovao. Par ailleurs, les voyages en quad avec ses amis ou ses collaborateurs, pour découvrir toutes les régions de Madagascar, constituent son passe-temps favori. Quant aux habitudes alimentaires, « il aime le chocolat Nougat, le biscuit Kip’coco et le fanta grenadine. Le « mofo gasy », le « ramanonaka » et le « mofo anana » sont ses goûters préférés. Il fréquente même les gargotes simples pour savourer des « composés » et du « vary amin’anana ». Mais il donne plus d’argent aux gargotiers car il n’accepte pas du tout de payer à très bas prix un tel repas trop bon pour lui », a confié Alain Ratsimbaharison, le Secrétaire général du groupe AND, son proche collaborateur. « Il arrive à travailler de 4 heures du matin jusqu’à 23 heures du soir », a-t-il enchaîné. Et enfin, « nous partageons la même passion, la musique jazz et les chansons de Jean-Jacques Goldman. Et il en a été très surpris », a-t-il conclu.
Navalona R.
