L’Etat occupe encore 20% des activités économiques à Madagascar. Pour une croissance durable, 90% du PIB réel (Produit intérieur brut) doit émaner des activités du secteur privé, d’après les économistes au sein du CREM.
Face à l’incapacité de l’Etat et du secteur public, le secteur privé doit occuper une place plus importante que celle d’aujourd’hui, selon les membres du CREM (Cercle de réflexion des économistes de Madagascar). « Nul n’ignore que le secteur privé est le moteur de la croissance durable. Il est le premier créateur d’emplois. A Madagascar, seulement 160 000 employés de l’Etat reçoivent mensuellement des salaires, et d’après des données statistiques, on ne compte que 110 000 employés effectifs, dans le secteur public. Cela ne représente qu’une infime partie, par rapport à l’ensemble de la population active », a affirmé le docteur économiste Andriampeno Ramiliarison, lors d’une conférence-débat organisée jeudi dernier, à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Antananarivo, à Analakely. Malgré ce moindre effectif, l’Etat occupe encore 20 % des activités économiques dans la Grande Ile, ce qui traduit un niveau de pauvreté inquiétant, selon le spécialiste.
Aides. Le secteur privé possède les atouts et les compétences nécessaires pour la production de richesses, de biens et services, ainsi que pour la création d’emplois. « L’expérience le confirme et même les usagers ont aujourd’hui la préférence aux services privés, si on ne cite que l’éducation, la santé, etc. C’est par les investissements privés, qu’une économie peut croître. Aucun pays n’est sorti de la catégorie des pays en développement grâce aux aides. Il nous faut juste la promotion des activités du secteur privé, depuis les très petites entreprises, les petites et moyennes entreprises et jusqu’aux firmes multinationales. Cela permettra d’améliorer les conditions de vie de la population par le travail et non par les aides. Les aides publiques au développement doivent se limiter aux aides d’urgence et à empêcher les gens de mourir de faim », a soutenu le Dr Andriampeno.
Plus efficace. En effet, les fonctions régaliennes de l’Etat ne concernent en gros que la sécurité, la défense nationale, la justice, la diplomatie et l’administration fiscale. Mais l’Etat a encore du mal à gérer ces secteurs. D’après les résultats d’enquêtes, les citoyens ne sont pas satisfaits des services publics dans ces secteurs. Selon l’économiste du CREM, il est possible d’attribuer au secteur privé, une partie de ces services, pour plus d’efficience. « Le problème au niveau du secteur public commence dès la formation des agents de l’Etat. La culture de corruption et de népotisme persiste davantage. Mais imaginez qu’on confiait au privé la gestion de la circulation à Antananarivo, par exemple. Les résultats seraient prometteurs… On peut également imposer aux ambassadeurs de faire venir, par exemple, 10 investisseurs étrangers à Madagascar, pour garder leurs places. Notre ambassadeur au Japon, par exemple, gagne plus de salaire que le DG du FMI (Fonds monétaire international). Si on tient tant à les payer si cher, pourquoi ne pas exiger des résultats ? », a avancé le Dr Andriampeno. Bref, même s’il est difficile de changer la mentalité, on peut toujours changer de stratégie, pour pouvoir sortir le pays de la pauvreté, d’après les économistes du CREM.
Antsa R.