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lundi, mai 19, 2025
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Petit métier : Le système D de la mécanique automobile

A Ambodivona, une rue entière est occupée par des mécaniciens et des garagistes de fortune. Ici, on répare, on bricole, on rafistole n’importe quel modèle présent sur l’Île Rouge. On fait comme l’on peut avec les moyens du bord.

Coup de marteaux, bruits de soudure, sons de métaux, la rue est un véritable capharnaüm et est pour le moins animée. Les garages se comptent par dizaines et occupent les deux trottoirs de la rue, le passage y est difficile. Partout sur la chaussée, des mécaniciens s’attèlent à réparer des pièces automobiles. Les mains plongées dans le moteur ou la tête sous un taxi-be, les hommes n’ont pas peur de se salir. Leur visage comme leurs vêtements sont remplis de cambouis. Multitâches, les mécaniciens savent tout réparer comme l’explique Herinjaka Razafimandimby, employé à Soudure Autogène : « On fait tout aussi bien la carrosserie que la mécanique. Certaines pièces comme celles en caoutchouc, nous les fabriquons nous-mêmes. On répare tous les modèles que l’on peut trouver à Madagascar». Les réparations oscillent généralement entre 5 000 et 20 000 ariary. Evidemment la facture peut être beaucoup plus salée si le travail de réparation est conséquent. Même des voitures de luxe sont réparées ici car les prix défient toute concurrence. Bien qu’il y ait de nombreux clients, les revenus ne sont pas toujours suffisants pour joindre les deux bouts : « Parfois, je dois travailler au Shoprite et vider le camion. Cela dépend si on a eu beaucoup de travail durant la journée ou pas », explique le mécanicien de formation.

L’art de la débrouille.Vu le manque de moyens et d’outils, on s’attèle à réparer avec ce que l’on a sous la main. A titre d’exemple, un réparateur de batteries fait fondre les matériaux dans du charbon de bois pour ensuite les remodeler à sa guise.Pourtant, les réparations sont solides et les voitures, une fois réparée, sont aptes à rouler encore de nombreux kilomètres. Mais il n’y a pas que des « bricoleurs », on trouve aussi de nombreux receleurs de pneus ou revendeurs de pièces, comme l’explique Onjamalala Rakotonirina, spécialisé dans les voitures françaises : « Je revends exclusivement des pièces pour les Renault, les Peugeot et les Citroën. Les pièces viennent de France, on retrouve n’importe quelle pièce. Il y a beaucoup de clients, entre 5 à 10 par jour, surtout des chauffeurs de taxis.» Tableaux de bord, volants, amortisseurs, moteurs, embrayages, sa boutique est petite. Mais pourtant tout y est, les pièces s’entassant les unes sur les autres. Suite à la crise de 2009, beaucoup de Malgaches trouvent ou inventent des petits métiers afin de survivre. Généralement, ils n’ont pas de formations et apprennent avec leurs yeux et leurs oreilles. Un système D pour le moins particulier mais qui a le mérite de fonctionner.

Stéphane Pierrard (Stagiaire)

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