
Les Malgaches ont appris à apprécier cette forme de danse qui véhicule des messages allant au-delà des apparences. La renommée de certaines de nos compagnies sur le plan international y est pour quelque chose. Le programme Visa pour la création donne cette opportunité. Mais cette année, les lauréats sont deux grands chorégraphes africains qui présentent leur création à l’occasion d’une grande tournée internationale. Antananarivo est l’une de leurs étapes.
Ce sont deux chorégraphes de talent, reconnus en Afrique, qui font leurs premiers pas à l’international. Deux propositions qui se complètent et touchent à des registres différents de la danse : la personnalité de Marcel Gbeffa et sa chorégraphie imprégnée d’une grande sensibilité propose un travail tout en finesse.
Fana Tshabala dans son duo aborde une esthétique qui se déploie autour d’une gestuelle plus « expressive ».
« Between us » de Fana Tshabala. Le chorégraphe Fana Tshabala et son interprète Thulani Chauke lèvent le voile sur le duo Between us qui fait l’objet d’une longue résidence française, partagée entre Pantin et Marseille. Ils interrogent la distance et la perception sensorielle comme instruments d’une écriture de l’approche.
Le projet des deux hommes : Faire se rencontrer leurs puissances de performeurs, ailleurs, à travers le partage et la virginité d’une expérience de création qui les engage à équivalence. Comme si le choix d’un terrain neutre rendait possible la mise à plat d’une relation, un bilan entre erreurs et valeurs… Entre eux !
“Derrière le Rideau” de Marcel Gbeffa. « Derrière le Rideau » invite à vivre les problématiques de la création chorégraphique : face aux difficultés de la création, face à la mise à nue et aux émotions du chorégraphe, en amont et en aval, face aux erreurs techniques et aux imprévus, face aux spectateurs. C’est une pièce où les liens entre la danse et la vie, les sentiments et les émotions, mais aussi les difficultés de l’artiste sont dévoilés pour amener le public à être au plus près de la création chorégraphique et de ses réalités. Le public est ici complice : il est du côté des coulisses, dans la tête du chorégraphe, avec lui, témoin de ses peurs, de ses challenges, de ses désirs, des liens qu’il lie ici et délie ailleurs.
Recueillis par Patrice RABE