Faly Andrianarivelo fait partie de cette jeune génération qui a vu tous les travers de la politique pratiquée par ses aînés durant ces trente dernières années. Aujourd’hui, lui et la majorité des jeunes Malgaches ont envie d’agir de manière positive pour le pays. Il a choisi de promouvoir la culture malgache pour aider au développement de la Grande Ile. Dans un premier temps, il est devenu artiste et il a été et continue d’ailleurs d’être un organisateur d’événements culturels sous le label « Haigasy ». Mais, en étant au contact de la réalité, il a décidé de s’impliquer beaucoup plus dans la vie sociale et d’intervenir dans l’amélioration des conditions de vie de ses semblables. « Haigasy » est aujourd’hui devenu une association qui a l’intention d’élargir son action et qui a un projet pouvant toucher toutes les couches de la société. Interview.
Le public vous a découvert à travers des compositions fleurant bon le terroir malgache au début de l’année 2005. Ce parti pris de mettre en valeur la culture musicale malgache ne vous-a-t-il pas privé d’une audience plus large que celle des amateurs de musique traditionnelle ?
J’ai choisi dès le début de promouvoir notre culture musicale malgache car nous avons des valeurs qui méritent d’être mises en avant. Je n’ai jamais cédé au chant des sirènes de la variété qui réussit à d’autres, mais qui ne va pas du tout avec mon état d’esprit. On m’a tout de suite connu sous le nom « Faly Haigasy » qui est devenu un véritable label.
De simple artiste, vous êtes devenu promoteur d’événements culturels. Pourquoi avoir toujours choisi de vous occuper de manifestations dont les composantes sont ancrées dans la culture malgache ?
C’est une démarche tout à fait logique car je suis impliqué dans le processus de mise en valeur de nos richesses culturelles. La société « Haigasy » que j’ai créée a organisé des joutes de « Hira gasy ». Le festival « hira gasy makotrokotoka » est devenu au fil des ans un des grands événements culturels malgaches. De fil en aiguille, j’ai découvert les problèmes qui se posent dans notre société malgache. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester simple spectateur, mais acteur. En 2010, j’ai fondé l’association « Haigasy » qui s’est investie dans l’action sociale. De nombreux jeunes désireux d’aider leurs semblables en sont devenus membres. Aujourd’hui, l’association s’occupe de nombreux projets pour le bien-être de la société.
Pouvez-vous nous définir la philosophie de « Haigasy » ?
A la base, il y a la mise en valeur du « soatoavina » et du « hasin’ny tànana » ». Ce sont les fondements de notre action. Dans la foulée, nous avons plusieurs missions : la promotion des activités socioculturelles en respectant la charte des valeurs, les règles d’éthique et la sagesse malgache, le rapprochement des « vondron’olona ifotony », la sensibilisation de la population à connaître ses droits et la loi existants, la dotation d’infrastructures selon les disponibilités financières de l’association, le soutien aux artisans et paysans nécessiteux, l’incitation de la population à préserver l’environnement.
En écoutant ce que vous venez de dire, j’ai l’impression d’écouter un programme politique. Avez-vous des ambitions dans ce domaine ?
Ce n’est pas de la politique dans le sens péjoratif qui dégoûte la majorité des citoyens. Nous n’avons pas l’intention de briguer des sièges. Nous ne cherchons pas des postes. Ceux qui prennent des initiatives ne sont pas nécessairement des hommes politiques. Nous ne sommes pas des politiciens. Nous préférons rester au niveau de l’action et ne pas aller plus loin. Nous ne faisons pas de l’assistanat, mais nous aidons ceux qui veulent promouvoir leurs activités.
Pour terminer, où en est votre propre carrière artistique ?
Ma carrière artistique continue. Je vais sortir prochainement mon nouvel album. Il porte le titre générique « Hira ho an’ny Tanindrazana ». Il comporte plusieurs compositions qui fleurent toujours bon le terroir et qui portent des messages d’espoir pour la nation.
Propos recueillis par Patrice RABE
