Croire que l’aérosol des cigarettes électroniques à base de nicotine est moins nocif, voire inoffensif, serait peut-être une erreur.
Alors que les littératures et les recherches scientifiques, les impacts réels de la cigarette électronique à base de nicotine sont moins nombreuses par rapport à celles consacrées aux effets de la cigarette ordinaire, les adeptes du « vapotage » sont confortés par une certaine impression d’innocuité de l’e-cigarette. Si le phénomène est apparu au début des années 2000 avec la commercialisation, en 2003 en Chine, de la cigarette électronique, l’utilisation de celle-ci, ainsi que le terme « vapotage » commencent également à gagner la sympathie des fumeurs à Madagascar. L’usage de ces inhalateurs électroniques de nicotine commence à augmenter auprès des magasins distributeurs du dispositif et de leurs recharges. Mais une récente étude norvégienne publiée cette semaine par l’Institut norvégien de la santé publique, vient relancer le débat.
Mêmes niveaux de nicotine. Les résultats de cette étude demandée par le gouvernement norvégien, démontrent que la nicotine contenue dans la cigarette électronique est aussi dangereuse pour l’entourage d’un fumeur que celle de la cigarette habituelle. Les conclusions du rapport de l’étude soulignent, en effet, qu’en cas d’exposition passive à l’aérosol de cigarette électronique, la nicotine libérée dans l’atmosphère peut conduire à un niveau de nicotine dans le sang comparable à celui observé chez un individu (non fumeur) exposé à la fumée de cigarettes ordinaires. En d’autres termes, le vapotage passif peut tout aussi bien produire sur les non-fumeurs, des effets similaires au tabagisme passif, notamment accoutumance et impacts sur le système cardiovasculaire, d’après cette étude. Le rapport souligne, toutefois, que les cigarettes électroniques contiennent nettement moins de substances nocives et que leur utilité pour les fumeurs désireux de cesser le tabac, ne sont pas à négliger. Néanmoins, elles sont loin d’être inoffensives, tant pour le « vapoteur » que son entourage. Ce qui ne semble pas être l’avis de ces experts de la santé, présents à la conférence mondiale anti-tabac tenue le mois dernier, à Abou Dhabi.
Avis partagés. Ces experts affirment que l’e-cigarette aide à la lutte contre l’addiction à la nicotine et ne favorise pas l’addiction des adolescents. Selon les résultats des études menées principalement aux Etats-Unis et en Europe sur près de 20 000 fumeurs, 81 % ont déclaré avoir pu arrêter le tabac grâce à la cigarette électronique et ce, en moins d’un mois en moyenne. Ces résultats sont à l’opposé des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui estime, dans un document publié en août 2014, que les cigarettes électroniques posent de graves menaces pour les adolescents. L’OMS recommande ainsi l’interdiction de leur vente, notamment aux adolescents, tandis que les femmes enceintes devraient être extrêmement vigilantes face au vapotage. L’exposition du fœtus, de l’enfant et de l’adolescent à la nicotine, qu’elle soit issue d’une fumée de cigarette ou d’une cigarette électronique, a des conséquences à long terme sur le développement du cerveau. L’usage de la cigarette électronique permet, reconnaît cependant l’OMS, de réduire l’exposition aux produits toxiques que contiennent les cigarettes ordinaires et l’utilisation de l’e-cigarette en remplacement aux classiques « a des chances d’être moins toxiques pour le fumeur »
Tous conviennent, toutefois, à reconnaître que l’utilisation à grande échelle encore récente de l’e-cigarette par rapport à la cigarette classique, ne permet pas encore de tirer des conclusions suffisamment fiables sur les réels effets de la cigarette électronique à long terme et le degré de réduction des risques.
Lois à la traîne. Quoi qu’il en soit, les conclusions de l’étude norvégienne pèsent lourd sur la balance des décisions à prendre prochainement dans ce pays en matière de lutte anti-tabac. En effet, concernant le vapotage, les législations sont à la traîne dans de nombreux pays du monde. Il est quasiment absent des textes régissant le tabagisme tandis que l’utilisation de la cigarette électronique est, dans la majorité des cas, plus acceptée. A Madagascar, la mise en application de l’interdiction de fumer dans les lieux publics a connu un début fort remarqué, mais semble avoir connu un relâchement si l’on en juge par les fumeurs qui continuent à fumer dans des endroits clos accueillant du public tels les bars karaoké et les épi-bars dans la capitale. Dans les restaurants, en revanche, l’interdiction est généralement plus respectée.
Hanitra R.