
Madagascar fait partie des pays ayant une fécondité élevée. Des facteurs culturels et sociaux s’ajoutent aux causes classiques de ce fléau. Le Docteur Razafiarison Jean Christian, Expert National en Population et Développement, apporte des explications. Interview.
Midi Madagasikara : Comment trouvez-vous généralement la Santé de la Reproduction à Madagascar ?
JCR : Malgré l’opérationnalisation des programmes stipulés dans la politique nationale en matière de santé de la reproduction durant plus d’une décennie, Madagascar se range toujours parmi les pays à fécondité élevée. La mise en œuvre a, inévitablement, fait face à des facteurs de blocage.
MM : Pouvez-vous parler un peu de ces facteurs ?
JCR : En sus des facteurs classiques, il y a des phénomènes culturels qui sévissent au niveau des différentes Régions, entre autres le « Jiromena » dans la Région Atsinanana. Ces phénomènes pourraient avoir des répercussions sur la vie féconde de la population. Ensuite, l’accès de la population aux services sociaux de base, essentiellement la santé et l’éducation, peut être inadéquat. L’inaccessibilité des services de santé est un problème qui empêche la population de bénéficier les services offerts pour la santé de la reproduction. Concernant l’éducation, les filles qui restent scolarisées plus longtemps risquent moins de tomber enceintes. L’éducation accroît leur estime de soi, relève leur statut dans leur ménage et dans la communauté, et confère davantage de poids à leur opinion sur les questions qui affectent leur existence. L’éducation réduit également le risque du mariage d’enfants et retarde la maternité.
MM : Quelles solutions allez-vous proposer ?
JCR : Il s’avère tout à fait nécessaire d’intensifier les recherches sur ces facteurs de blocage socioculturel qui, par la suite, devraient être pris en compte dans la planification des programmes de santé de la reproduction, sans oublier l’intégration de la dimension « Population ». Un système de suivi et évaluation performant et intégrant ces facteurs joue un rôle incontournable pour l’atteinte des objectifs fixés auparavant. Comme la performance du système de suivi et évaluation est inhérente à la compétence des personnes responsables, le renforcement de capacités s’avère ainsi une des priorités afin d’établir une santé de la reproduction propice au développement du pays.
MM : Pourquoi « Intégration de la dimension Population » ?
JCR : Dans les programmes de développement, la population est à la fois Acteur et Bénéficiaire. En fournissant sa force de travail, la population est un facteur de développement, donc un Acteur, et comme elle est la principale destinataire des résultats, elle en constitue un Bénéficiaire. Ainsi, pour que la population bénéficie réellement des résultats du Développement, l’intégration de la dimension Population est toujours conseillée.
Propos recueillis par Anjara Rasoanaivo