
Implanté depuis près de 20 ans à Ankasina, zone inondable comme la quasi-totalité des bas quartiers d’Antananarivo, le Centre médico-social et éducatif Betania Ankasina permet à une population en situation d’extrême pauvreté, d’avoir accès à des services qui leur sont inaccessibles autrement.
Le « Centre Betania » comme le désigne la population d’Ankasina, une véritable bouée de sauvetage pour plus de 4 500 familles habitant ce quartier défavorisé d’Antananarivo qui s’étend sur près de 114ha, mais constitué à 80% de marécages et de rizières. Le Centre médico-social et éducatif Betania Ankasina, en activité à Ankasina depuis 1996, offre à des ménages extrêmement pauvres la possibilité d’avoir accès à des services permettant d’alléger leur quotidien. La santé, l’éducation, l’accompagnement social, l’alimentation et l’habitat, sont autant de volets d’activités du centre, qui reflètent les problèmes les plus cruciaux dans ce quartier.
Ecole et cantine. L’école primaire, noyau du centre, permet aux enfants d’avoir accès à l’éducation. Quelque 540 élèves, du préscolaire au CM2 y sont scolarisés, dont plus de 350, parrainés par des parrains nationaux ou étrangers et bénéficient d’une bourse. Parmi ceux qui terminent le cycle primaire, le parcours de 74 boursiers, désormais au collège et scolarisés à l’extérieur du centre, reste toujours suivi de près. Certains sont particulièrement brillants. Une classe d’alphabétisation accueille, par ailleurs, 150 élèves. L’ensemble des élèves du centre et les collégiens boursiers bénéficient des repas servis à la cantine scolaire. Ouverte tous les jours ouvrables de la semaine et ce, onze mois sur douze, cette cantine, soutenue par le PAM (Programme Alimentaire Mondial) sert entre 900 et 1 000 repas par jour aux élèves et au personnel du centre, mais également aux enfants des rues. Pour ces derniers comme pour les élèves, c’est le seul vrai repas de la journée.
Accélération vers le bas. Grâce à l’existence d’un centre de santé, la population d’Ankasina a accès aux soins et à d’autres prestations de santé. Les médicaments, à la charge du centre, sont délivrés à un flux constamment tendu. Car ici, la santé est un luxe. Le quartier, totalement insalubre, est cerné par les ordures et ses habitants vivent au milieu des immondices, les eaux stagnantes verdâtres. Les risques sanitaires sont réels. « Le quartier réunit toutes les conditions pour l’apparition d’épidémies, car les ordures sont partout et l’absence d’assainissement demeure le plus grand problème », s’inquiète Danièle Hahn-Godard, coordinatrice générale du centre et non moins présidente du conseil d’administration. Une situation devenue encore plus préoccupante ces derniers mois, après les épisodes d’intempéries. « Nous sortons actuellement d’une période difficile après ces inondations qui ont anéanti tant de familles. En circulant entre les taudis, on constate des situations qui dépassent l’entendement », ajoute-t-elle. La situation n’a cessé de se dégrader ces dernières années. « Depuis 2009, on assiste à une accélération vers le bas. La population n’a jamais été aussi pauvre, il n’y a jamais eu autant de violences et d’actes indignes envers les enfants et les femmes. Face à cette profonde détresse de la population, nous éprouvons parfois, dans notre travail, un sentiment de grande solitude », résume Danièle Hahn-Godard. En effet, à travers des services essentiels dont bénéficie cette population en situation d’extrême pauvreté, le centre qu’elle dirige se substitue dans bien des situations, aux pouvoirs publics. Mais en dépit de tout, elle reste déterminée et ne regrette pas un seul instant de s’être investie dans cette mission. Le Centre Betania Ankasina projette même de s’étendre : agrandir l’école et construire de nouvelles infrastructures qui abriteront un ensemble médical et social, ainsi qu’un terrain de sport. La mobilisation des ressources pour ce projet d’extension est en bonne voie. L’ultime obstacle, l’absence d’assainissement dans la zone. Encore et toujours…
Hanitra R.