Même si le problème a été réglé, le mal est fait et risque de laisser des traces au sein d’une équipe dont la majorité des joueurs a été imposée par le sélectionneur au capitaine. Ou plutôt au …général.
Il y a une semaine, jour pour jour, le ministre des Travaux Publics Roland Ratsiraka s’est présenté seul à l’Hémicycle de Tsimbazaza. Ce qui avait heurté la susceptibilité du Premier ministre Jean Ravelonarivo qui reprocha à Roland Ratsiraka de lui avoir brûlé la politesse en s’adressant en premier aux députés. C’est-à-dire avant le chef du gouvernement qui était prévu s’y rendre le lendemain. Et ce, conformément à l’article 101 alinéa 1er de la Constitution qui dispose qu’« à la première session ordinaire, le gouvernement présente à l’Assemblée nationale, un rapport annuel d’exécution de son programme ».
Félicitations – remontrances. Le fait que le ministre jugé « fautif » n’ait pas ensuite rejoint les autres membres du gouvernement à Tsimbazaza, était considéré comme une « circonstance aggravante », même si à sa décharge, il avait accompagné le président de la République. Lequel devait d’ailleurs le féliciter pour la célérité dont son département a fait preuve dans l’installation du pont Bailey dans son district natal d’Avaradrano. Ces félicitations en public du numéro Un de l’Exécutif n’ont pas empêché le numéro Deux de lancer presque simultanément à l’endroit de Roland Ratsiraka, des remontrances tout aussi publiques parce que faites en séance plénière de l’Assemblée nationale. Celle-là même qui avait pourtant eu l’initiative de la séance d’information (nuance avec rapport d’activités) de mardi dernier à Tsimbazaza, quoique ses membres en aient profité pour poser des questions au ministre des Travaux Publics qui, de toute façon, a déjà présenté ses excuses au PM et informé le Président. « Il nous a également envoyé un sms », rapportent quelques ministres. Visiblement soucieux de la solidarité gouvernementale au moment où des rumeurs de motion de censure et de motion d’empêchement circulent de nouveau dans les coulisses de la Chambre basse.
Faute – maladresse. Bon nombre d’observateurs estiment que si le ministre des Travaux Publics a fait une faute protocolaire en ne respectant pas l’ordre de préséance, le PM emporté par sa fougue, a commis une maladresse politique en lavant le linge sale du gouvernement devant les députés. Lesquels avaient également enfreint les usages en oubliant de se lever comme un seul homme au moment où le PM a fait son entrée dans la salle. Selon les mêmes usages, il n’est pas bien de dire du mal de quelqu’un en son absence. En tout état de cause, cela est loin de raffermir la solidarité de l’équipe gouvernementale au sein de laquelle Jean Ravelonarivo n’a pas numériquement la majorité. Et pour cause, les deux tiers de l’effectif ont été reconduits par le Président qui « nomme les membres du gouvernement ». Outre les ministres HVM qui étaient incontournables, Roland Ratsiraka fait aussi partie du « quota » du chef de l’Etat qui lui avait renvoyé l’ascenseur pour son soutien au deuxième tour de la présidentielle. Et qui ne peut se permettre de s’aliéner ses voix dans l’hypothèse plus que plausible d’un même scénario en 2018.
HVM – TIM. Face à un éventuel second tour entre Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana, les suffrages recueillis par Roland Ratsiraka s’il est éliminé au premier tour, pourraient peser dans la balance des votes. Autant pour l’homme …fort du HVM qui brigue sans doute un second mandat que pour le fondateur de Tiko qui ne se contentera certainement pas de la présidence du Tim. Reste à savoir si le maître d’Iavoloha bénéficiera également de l’appui de l’actuel locataire de Mahazoarivo à qui l’on prête, à tort ou à raison, l’ambition de se lancer dans la prochaine course à la magistrature suprême. En tout cas, ce serait l’occasion pour Jean Ravelonarivo de prendre sa revanche contre Marc Ravalomanana du temps de qui il n’avait pas réussi à se faire élire député dans sa circonscription natale de Farafangana.
R. O
