Il a déjà passé 14 ans de sa vie à fouiner dans les ordures ménagères pour collecter des articles à revendre. Et il continue…
Chaque jour, il faut que Heriniaina Rasamuelson, un collecteur de déchet, arrive à ramasser dans les poubelles publiques, des déchets «revendables». Et la fois où il arrive à en remplir son sac, il prend cela comme «un jour de chance, un jour qui rapporte». «Si mon sac en est rempli, je suis ravi car je sais que la chasse a été plutôt bonne. Cela peut donc me rapporter jusqu’à 5 000 Ar en général», se réjouit-il. Ces déchets considérés comme étant bons pour la revente sont en effet: des bouteilles et récipients en plastique ou en verre, des boites de conserve, des os, du charbon,… Ces choses, il les remet à la vente à «La Réunion-kely» et ses environs, là où les brocanteurs ou revendeurs se regroupent. Collecter ces articles, Heriniaina Rasamuelson en a donc fait son métier, depuis 2001. Armé d’un crochet qu’il a fabriqué lui-même, il passe toute sa journée à fouiner dans ces ordures ménagères, tout en gardant une position courbée, pour trouver ce qui peut rapporter un peu d’argent. Certes, c’est dur, et ce n’est pas le genre de métier rêvé, mais la pauvreté et le manque d’emploi obligent!
Business. En général, Heriniaina R. gagne 2 000 à 3 000 Ar par jour en faisant ce métier. Pourtant, c’est grâce à cela qu’il nourrit sa fille actuellement âgée de 7 ans. «J’étais un docker auparavant. Mais en ayant eu ras-le bol de toujours devoir se battre les clients avec les concurrents qui ne cessent de se multiplier, j’ai fini par changer de métier pour en arriver à celui que j’exerce actuellement», témoigne-t-il. Ce qui est d’autant plus étonnant, c’est qu’il y a un droit à payer pour pouvoir fouiner ces poubelles publiques. « Il faut payer environ 1 000 Ar au gardien de bac pour avoir le droit de chercher des articles dans le bac », confie Heriniaina. Un business qui marche bien pour ces fameux gardiens de bac.
Toute la journée. Il commence à collecter à partir de 8 h du matin poue ne s’arrêter que vers 17h. Puis, très tôt le lendemain, vers 4 h du matin, il doit être présent avec ses articles sur le lieu de vente car il doit se remettre à ramasser de nouveau à la même heure. C’est malheureusement le quotidien de Heriniaina. « Il faut s’armer de beaucoup de courage pour pouvoir faire ce genre de métier car non seulement nous sommes tout le temps sales, mais les risques de maladies ne sont jamais très loin. Et puisqu’il n’y a rien à faire pour le moment, je suis bien obligé de vivre avec », regrette-il.
Pas de travail décent. En effet, il n’y a pas que lui qui exerce ce genre de travail, mais également un bon nombre de tananariviens se trouvant dans une situation de pauvreté extrême. Le Bureau International du Travail a même affirmé que 50% des jeunes malgaches sont actuellement sans emploi, et 80% d’entre eux n’exercent pas un travail décent. Une preuve qui montre que les efforts entrepris par l’Etat sont encore loin d’être suffisants et satisfaisants. «Mon souhait, c’est de trouver un travail un peu plus rentable que celui-ci. Mais jusqu’ici, je désespère un peu», conclut-il. Que vont devenir ces jeunes?
Arnaud R.