Le président Hery Rajaonarimampianina ne se laisse pas faire. En effet, presque une semaine après le dépôt par les 121 députés de leur requête de mise en accusation du président de la République auprès de la Haute Cour Constitutionnelle, ce dernier passe à la contre-attaque. Hier, une délégation conduite par son directeur de cabinet Henri Rabary-Njaka s’est rendue à Ambohidahy pour présenter un mémoire en défense dont l’objectif est de justifier le fait que les motifs évoqués par les députés dans leur requête ne sont pas fondés. Henri Rabary-Njaka et les deux avocats du président Hery Rajaonarimampianina n’ont fait aucune déclaration sur le contenu du mémoire. En fait, la HCC a encore une semaine pour examiner la requête et le mémoire en défense de l’inculpé avant de prononcer son verdict.
Chiffre et Haute trahison. Malgré le fait que le contenu du mémoire en défense présenté par le président de la République ne soit pas dévoilé comme celui de la requête des députés, force est d’affirmer que ledit mémoire contient des arguments qui d’une part, disculpent le chef de l’Etat accusé de haute trahison et de violation grave et répétée de la Constitution ; et d’autre part démentent le nombre des députés (121) ayant voté la motion de déchéance dans la nuit du 25 mai 2015. Pour les pro-Rajaonarimampianina, ce chiffre 121 est impossible. Et ils soutiennent que la signature par le président de la République de la résolution des assises nationales d’Ivato ne peut pas être assimilée à une haute trahison. Ces arguments ont été déjà relayés dans les médias par les pro-Rajaonarimampianina dont les ministres HVM et les députés qui s’opposent farouchement à la déchéance du chef de l’Etat, pour ne citer que Jaona Andriarimalala dit Jaona Elite et Nicolas Randrianasolo. Visiblement, l’équipe du président de la République a affiché un air serein hier à Ambohidahy.
Intérêt supérieur de la Nation. Si le président de la République a déposé hier son mémoire en défense, c’est parce qu’il n’est pas sûr de la décision que la HCC va prendre. En tout cas, des appels au calme et à la stabilité se multiplient ces derniers jours. Ces appels sont dictés par l’intérêt supérieur de la Nation. Reçus par le ministre de l’Industrie et du Secteur privé Narson Rafidimanana, les industriels malgaches ont exprimé leurs inquiétudes face à l’évolution de la situation actuelle. Selon ces industriels, 55 000 emplois directs risquent d’être perdus en cas de nouvelle crise politique. Par ailleurs, la communauté internationale mène ses lobbyings pour préserver les acquis de la stabilité et des efforts entrepris pour le redressement économique du pays. En tout cas, la décision finale appartient à la HCC. Il ne serait pas exclu que les juges constitutionnels se déclarent incompétents pour statuer sur la requête de mise en accusation déposée par les députés.
R. Eugène
