Pour sortir le pays de cette impasse, le SEFAFI propose la signature d’un accord politique entre le président de la République et l’Assemblée nationale.
Le « Sehatra Fanarahamaso ny Fiainam-pirenena » (SEFAFI) ne mâche pas ses mots pour dénoncer les mauvaises pratiques politiques actuelles. Dans un communiqué en date du 2 juin dernier, cette association membre de la Société civile dénonce notamment les responsabilités du Conseil des Eglises Chrétiennes de Madagascar (FFKM) dans l’instabilité qui frappe actuellement le pays. Une situation engendrée notamment par le bras de fer entre la Présidence et l’Assemblée nationale. « En demandant la dissolution, puis le changement des institutions de l’Etat, les assises dites nationales ont ouvert le conflit latent entre le président et l’Assemblée nationale », indique le SEFAFI. Et de dénoncer au passage la décision du président Hery Rajaonarimampianina qui s’est engagé aveuglement à mettre en œuvre « des résolutions sans aucune valeur juridique, prises au cours des assises n’ayant aucune légitimité. Selon cette association, « la procédure de déchéance lancée contre le président de la République est la conclusion provisoire et logique d’un conflit qui remonte aux premiers jours de la législature. Les deux institutions disposent d’égale légitimité dans la mesure où elles sont issues des mêmes urnes lors des scrutins organisés le même jour… Le président n’a cessé d’interférer dans le fonctionnement de la Chambre basse ». Comme argument, le SEFAFI de citer notamment l’implication des tenants du régime dans la destitution de l’ancien bureau permanent dirigée par Christine Razanamahasoa. D’après le communiqué, « une grande partie des accusations portées par les députés à l’encontre du président de la République sont vraies ».
Dérives. De leur côté, les parlementaires ne sont pas non plus des innocents. « Outre leur vénalité et leur volonté obsessionnelle de réclamer le maximum d’avantages personnels, ils détiennent également le record d’absentéisme ». Le SEFAFI estime en effet que les parlementaires ont également leur part de responsabilités dans le retard de la mise en place des autres institutions. L’absence de débat démocratique et l’achat de vote sont devenus une pratique courante à Tsimbazaza. Cette association membre de la Société civile estime donc que « la dissolution de la Chambre basse aurait été une œuvre de salut public qu’il aurait fallu entreprendre dès les premières dérives. Pourtant, le président de la République a préféré la maintenir en place pour mieux se servir d’elle : il est aujourd’hui victime de son propre jeu ». Marc Ravalomanana est également pointé du doigt par le SEFAFI. L’association estime que « les sorties médiatiques de l’ancien président ont rallumé le feu de la déstabilisation ». Même considération pour certains ambassadeurs qui semblent avoir oublié leur devoir de réserve.
Accord politique. Pour sortir le pays de cette impasse, le SEFAFI exige le changement des mœurs politiques par nos dirigeants, entre autres, le président, le gouvernement, les parlementaires, les magistrats et les forces armées. Aussi, un accord politique entre la Présidence de la République et l’Assemblée nationale est-t-il proposé. Un accord prévoyant notamment le règlement de la collaboration entre les deux institutions jusqu’à la fin de la législature. L’objectif étant que les députés renoncent à la motion de déchéance contre le président, et de son côté, ce dernier s’engage à ne pas dissoudre le Parlement jusqu’à la fin de la législature. Bon nombre d’observateurs apprécient actuellement cette option. Reste à savoir cependant si un tel accord politique pourrait mettre fin à la procédure déjà engagée au niveau de la Haute Cours Constitutionnelle. En outre, de telle initiative pourrait également être considérée comme une nouvelle violation de la Constitution.
Davis R