Ça traîne ! Treize jours après le vote des députés en faveur de la déchéance du président de la République, la Haute Cour Constitutionnelle n’est pas encore en mesure de rendre sa décision sur la requête déposée par les députés. L’Institution donne l’impression dans l’opinion d’être grandement embarrassée devant le cas et sans doute les pressions. Les théories affluent pour dénouer le bras de fer. Les spéculations vont train sur les hypothèses des effets de la décision de la HCC. Le débat n’atteint pas le public. Le commun des mortels est loin d’avoir compris ce qui se passe. C’est le juridisme qui gagne du terrain et passionne les vrais et faux intellos de la place. Quand les hautes sphères s’agitent, la population n’a peur que de payer les pots cassés.
Porte ouverte à l’aventure
A l’Assemblée nationale, la partie n’est pas terminée. Les députés attendent les ministres qui doivent leur rendre compte. Et dans les coulisses, on évoque surtout la motion de censure. Le gouvernement aussi risque de tomber si l’humeur des députés s’aggrave contre lui. Les tentations ne manquent pas dans les rangs de ce dernier mais pour l’instant, rien n’a encore été déposé officiellement en ce sens. Néanmoins, les cent jours pour l’évaluation des membres du gouvernement arrivent à son terme. Le Premier ministre qui l’a promis ne devrait s’y dérober sinon l’Assemblée nationale n’aura pas d’état d’âme pour le gouvernement dans son ensemble. Une chose est sûre, le pays est dans de beaux draps. Un président de la République sous le coup d’une requête en déchéance. Un gouvernement menacé de motion de censure et une Assemblée nationale menacée de dissolution. Et si ces trois institutions disparaissaient, c’est la grande porte ouverte à l’aventure. Plus grave que les cinq années passées en période de transition. Les députés souhaitent-ils cette situation pour avoir déposé la requête en déchéance contre le président de la République ? Il n’y a finalement que la Haute Cour Constitutionnelle qui a une marge de manœuvre, mais bien étroite, dans la mesure où aucune erreur ne lui est permise. Mais encore faut-il que celle-ci sache quelle décision est juste et n’est pas susceptible de contestation. Les bruits courent que la Haute Cour Constitutionnelle livrera sa décision aujourd’hui ou demain. Le public est impatient de connaître le sort réservé au président de la République. Celui qui a été élu démocratiquement, il y a 19 mois, au suffrage universel direct sur l’ensemble du territoire national.
Zo Rakotoseheno