Le président de la République aurait rejeté la proposition des parlementaires de faire appel à un arbitrage international.
Après trois ajournements, la rencontre entre le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, et les députés a finalement pu se tenir. En effet, un premier face-à-face entre les parlementaires frondeurs et l’homme fort du pays s’est déroulé hier au Palais d’Etat d’Iavoloha. Et ce, bien que l’entrevue soit considérée au niveau des observateurs comme « anticonstitutionnelle ». L’article 94 de la loi fondamentale stipule en effet que « le président de la République communique avec le Parlement par un message qui ne donne lieu à aucun débat ». Après l’entrevue, le député d’Ikongo, Razafitsiandraofa Brunelle, a expliqué que « la décision du 12 juin 2015 rendue par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) paralyse logiquement cette disposition ». Une manière à lui de justifier le déplacement à Iavoloha d’une délégation de parlementaires. Mis à part le président de l’Assemblée nationale, Jean Max Rakotomamonjy, six députés anti-régime, à savoir, Tinoka Roberto, Jaosera Irénée, Zafimily Constance, Velotsara Paul Bert, Brunelle Razafitsiandraofa et Robertine Rabetafika, ont formé la délégation qui s’est rendue à Iavoloha. Quelques députés pro-régime, en l’occurrence Jaona Randriarimalala (Jaona Elite), Kathy et Toto Lydia, ont également été aperçus sur le lieu. De son côté, le président a été accompagné de quelques-uns de ses proches collaborateurs dont Rachidy Mohamed.
Point de blocage. En tout cas, aucune décision n’a été prise à l’issue de cette rencontre à huis clos qui a duré un tour d’horloge. C’était uniquement une occasion pour les deux parties d’avancer leurs préalables. En quelque sorte, il s’agissait d’une entrevue préliminaire. A entendre les explications de la Vice-présidente de l’Assemblée nationale venant de la Province de Fianarantsoa, Robertine Rabetafika, les deux parties n’ont trouvé aucun terrain d’entente, à propos notamment du lieu de la rencontre. Alors que les députés frondeurs exigent que l’entrevue se tienne dans un terrain neutre, le président Hery Rajaonarimampianina, de son côté, opte pour le Palais d’Iavoloha. Le lieu de la rencontre constitue donc un premier point de blocage. C’est certainement pour cette raison que les protagonistes n’ont pas encore engagé un débat de fond. En effet, la question du Pacte de stabilité, principal motif de la rencontre, n’a pas encore été évoquée. D’après Robertine Rabetafika, un nouveau face-à-face est prévu incessamment. Pourtant, aucune date n’a été fixée pour l’heure. Arbitrage international. Quoiqu’il en soit, malgré ce désaccord sur le lieu de la rencontre, les deux parties ont exprimé leur volonté de mettre en œuvre le Pacte de stabilité. D’après la députée d’Isandra, le président de la République considère cette question comme une priorité. Pourtant, malgré cette volonté, les pourparlers risquent de prendre plusieurs semaines. A noter que Hery Rajaonarimampianina a rejeté la proposition des députés de faire appel à un arbitrage de la Communauté internationale pour débloquer la situation. Le numéro Un d’Iavoloha opterait pour une solution malgacho-malgache. A noter que le cas de la députée Lanto Rakotomanga a également été évoqué au cours de cette rencontre. Les députés auraient réclamé l’arrêt des poursuites judiciaires lancées à son encontre. Une requête qui n’a obtenu pour le moment aucune réponse satisfaisante. Le président de la République aurait renvoyé la responsabilité en expliquant que l’ordre de la fouille musclée contre l’élue du MAPAR n’émanait pas de lui. La question est donc de savoir qui a ordonné cette brutalité policière contre deux femmes à Namontana. En tout cas, à l’issue de cette rencontre avec Hery Rajaonarimampianina, certains parlementaires n’ont pas caché leur insatisfaction.
Davis R
