Ouf de soulagement des députés. Ils s’en tirent sans plus d’angoisse. L’éventualité d’une dissolution de l’Assemblée nationale a vraiment été écartée par le président de la République. Du moins pour le moment. Bien des politiciens ont envisagé la dissolution comme la formule qui permettrait de mettre une croix définitive sur les députés qui ont osé défier l’Exécutif. Mais le président Rajaonarimampianina qui possède le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale n’y voit aucun intérêt. Respectueux du jeu démocratique il ne recherche que la paix favorable au développement et n’a de slogan ces derniers temps que pour la stabilité, l’apaisement et la réconciliation nationale. Chose promise chose due, respect de la parole donnée, le président de la République n’a pas dissous l’Assemblée nationale.
Bruits de remaniement
En revanche, le gouvernement risque gros de se voir retoucher. Avant ou après les communales. Les députés ont voulu le faire tomber par une motion de censure mais ne sont pas arrivés à obtenir les deux tiers de l’Assemblée nécessaire à cette fin. Les résultats ont cependant montré au grand jour que le gouvernement n’est plus représentatif de la majorité qui compose l’Assemblée nationale. Ses initiatives et ses projets de loi risquent de se heurter à un mur d’incompréhension des députés. Dans l’opinion publique, on se pose la question de savoir comment le gouvernement compte gérer cette absence d’atouts dans une Assemblée nationale en majorité hostile. Certainement pas à coups de « mallette » ou de corruption parce que son image déjà en chute pourrait en pâtir davantage. Au lendemain de la motion de censure, le Premier ministre chef du gouvernement qui veut tirer des leçons de cette épreuve a promis de mettre tout le savoir et le talent du gouvernement en faveur du développement. Mais la crainte des uns et des autres persistent. L’Armada composée de plusieurs partis politiques réclame le changement du gouvernement devant les résultats de la motion de censure. Il ne manquait au scrutin que 7 voix de députés sur les 112 votants pour faire démissionner le gouvernement. Tout comme pour la dissolution de l’Assemblée, le président de la République n’est pas non plus favorable au changement de gouvernement. Il a penché en recevant les députés pour le pacte de responsabilité pour résoudre les différends qui le séparent du législatif. L’intransigeance des députés et les résultats incontournables de la motion pourraient conduire à un compromis défavorable au gouvernement actuel. Les bruits de remaniement s’amplifient. Quelle sera son ampleur s’il a lieu ? Les spéculations vont bon train dans divers milieux. La recherche de stabilité et d’apaisement pourrait passer par là. Une chose est sûre, le président de la République a aussi tiré des leçons de ces motions qui ont déstabilisé l’Exécutif. Il a fait montre par quelques décisions récentes d’une grande fermeté venue à un moment déterminant. Le public les a bien accueillies.
Zo Rakotoseheno