Nouvelle Majorité Parlementaire. Avec un Premier ministre qui n’est pas issu de la majorité à l’Assemblée nationale, le régime risque de sombrer davantage dans l’instabilité.
Un mois jour pour jour après que la Haute Cour Constitutionnelle ait rendu sa décision relative à la requête de mise en accusation afin de déchéance du président de la République, Hery Rajaonarimampianina, le Pacte de responsabilité n’a pas encore été appliqué. Nul n’ignore pourtant que même si les Juges constitutionnels n’ont fixé aucune date pour la mise en œuvre de cette « décision de Justice », les parties prenantes devraient observer un délai raisonnable afin d’éviter un blocage économique. En tout cas, ce Pacte de responsabilité devrait logiquement aboutir à un remaniement gouvernemental. C’est certainement la raison pour laquelle, les parlementaires membres de la « Nouvelle Majorité Parlementaire » (NMP) se préparent depuis quelques temps pour cette option. Les discussions au sein de cette nouvelle coalition de groupes parlementaires tourneraient déjà autour de la clé de répartition des sièges au sein du futur gouvernement. De sources proches de la Chambre basse, une douzaine de ministres seraient actuellement ciblés par la NMP. Parmi eux figureraient notamment, le ministre d’Etat chargé des Projets présidentiels, de l’Aménagement du Territoire et des Equipements, Rivo Rakotovao à qui l’on reproche d’être source de tous les foyers de tensions qui constituent un blocage à la volonté du président de la République de promouvoir le développement et la relance économique. On lui reproche également d’être incapable de résoudre la grève des employés du Service des Domaines.
Le plus controversé. De son côté, les députés réclament aussi le départ du ministre du Tourisme, des Transports et de la Météorologie, Ulrich Andriantiana qui, à leurs yeux, « fait preuve d’une incompétence flagrante » dans la gestion des différents foyers de tensions impliquant son département, en l’occurrence la situation actuelle au sein de la Compagnie Air Madagascar. Le ministre du Commerce, Narson Rafidimanana qui a traité les députés de « hors la loi », est également dans le collimateur. Il est en mauvaise posture après les altercations qu’il a eues avec l’ancien Chef de la Région Atsinanana, Alain Mahavimbina, lors du déplacement présidentiel dans cette partie de l’île en début juillet. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Olivier Mahafaly Solonandrasana, est particulièrement détesté par les membres de la NMP, notamment après l’échec du vote de la motion de censure à Tsimbazaza où il a traité les députés avec ironie en dansant. Par ailleurs, en montrant publiquement son appartenance au parti « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » (HVM), Olivier Mahafaly Solonandrasana est désormais le ministre le plus controversé du gouvernement Ravelonarivo. Le ministre de la Communication, de l’Information et des Relations avec les Institutions, Vonison Andrianjato Razafindambo, est également dans le collimateur des députés. Refusant jusqu’au bout la retransmission en direct sur RNM et TVM de l’interpellation des membres du gouvernement, l’ancien député de Soavinandriana est considéré comme le premier responsable du bras de fer Exécutif – Parlement.
Promesses de campagne. Selon toujours nos sources, le ministre de la Fonction publique, Maharante Jean de Dieu, risque aussi de quitter son fauteuil. Ce dernier a fait de nombreux ennemis en déclarant publiquement que la grève des employés d’Air Madagascar était illicite. Les mêmes reproches sont également faits au ministre de l’Environnement, Ralava Beboarimisa qui a exprimé sa joie lorsque la motion de censure a été rejetée à l’Assemblée nationale alors que d’après les députés, il est incapable de mettre fin aux trafics illicites de bois de rose qui figurent pourtant parmi les promesses de campagne président Hery Rajaonarimampianina. De son côté, le ministre de l’Education nationale, Paul Rabary est aussi pointé du doigt par les parlementaires anti-régime. Il est soupçonné de manipuler son département au profit du parti HVM. Même si la Défense et la Diplomatie constituent des domaines réservés au président de la République, les ministres responsables de la sécurité publique ne sont également pas innocents face à la recrudescence de l’insécurité aussi bien en ville que dans les brousses. Le ministre de la Sécurité publique, Randimbisoa Blaise Richard est particulièrement pointé du doigt à cause de la situation dans le milieu urbain où les attaques à main armée sont devenues une habitude même en plein jour. Bon nombre d’observateurs estiment aussi que même si les députés ne réclament pas officiellement leur départ, les ministres issus du parti « Tiako i Madagasikara », à savoir Roland Ravatomanga et Rabesahala Henri, devraient démissionner. Lors de sa conférence de presse à Antanimena, Rivo Rakotovao, président national du HVM et non moins bras droit du président Hery Rajaonarimampianina, a exigé leur démission. Hier, le Premier ministre, Jean Ravelonarivo, a déclaré qu’il n’envisage point de quitter son poste. Une déclaration considérée par les observateurs comme « contraire aux principes démocratiques et aux textes régissant un régime parlementaire ». En effet, même si la motion de censure a échoué, un remaniement gouvernemental est de mise. Et ce, dans la mesure où avec un Premier ministre qui n’est pas soutenu par la majorité à l’Assemblée nationale, le régime risque de sombrer davantage dans l’instabilité. Quoiqu’il en soit, en acceptant de mettre en œuvre le Pacte de responsabilité, le président Hery Rajaonarimampianina risque de cautionner ces exigences des parlementaires.
Davis R