
Soutenue par un des conseillers du Président de la République, la mise en place de l’Advance Cargo Declaration rencontre de plus en plus de résistance de la part des opérateurs économiques.
Les usagers des transports maritimes continuent d’afficher leur opposition à la mise en place de l’Advance Cargo Declaration. Les compagnies maritimes, les importateurs et même la Société du Port à Gestion Autonome de Toamasina ne cachent pas leur réticence face à ce projet qu’ils considèrent comme étant contraire aux principes de simplification de procédures du commerce international et à la réduction des coût. Une procédure qui risque, en tout cas, d’entraîner un recul de Madagascar dans le classement Doing Business, puisque c’est notamment la Banque Mondiale qui exige cette accélération des procédures.
Anomalies. La réticence des opérateurs économiques est d’autant plus justifiée quand on sait que depuis le lancement de l’appel d’offres pour la mise en place de l’Advance Cargo Declaration, il y a eu un certain nombre d’anomalies. « Tout semble avoir été fait pour écarter la Société Générale de Surveillance qui a également soumissionné en sachant que la mission est similaire à ce qu’elle fait déjà conformément à un partenariat avec l’Etat malgache », indique-t-on de source proche du dossier. Et de préciser que « lors du lancement de l’appel d’offres pour la mise en place du projet, Gasynet avait essayé d’y répondre. Malheureusement, alors que les termes de référence de l’appel à manifestation d’intérêt avaient fixé un délai de 30 jours à compter de la date de la lettre d’invitation pour réaliser l’étude et remettre la proposition technique et financière, ce délai a été raccourci à 10 jours après la réception du dossier ». Un suspect raccourcissement de délai qui n’a pas permis à la Gasynet de répondre convenablement à l’appel d’offres.
Parachuté. Résultat, devenu pratiquement le seul soumissionnaire en lice, l’Associated Transport and Port Management System (ATPMS) a décroché le marché sous forme d’un Build Operate and Transfer (BOT) et a présenté le projet, lors d’une conférence de presse qu’elle a tenue le 24 juin dernier. Et même si l’ATPMS a défendu que l’ACD n’entraîne aucun frais supplémentaire, les opérateurs maritimes et les exportateurs n’y croient pas. Tout d’abord, indirectement, ce nouveau service engendre pas moins de 80 euros de frais en plus par container. L’on annonce, par ailleurs, que le 19 juin dernier, la Direction Générale de l’APMF a annoncé l’entrée en vigueur de l’ACD au 15 juillet 2015. Soit un délai d’un peu moins d’un mois. Du coup, les bateaux déjà en mer sont déjà frappés par les frais et risquent, indique-t-on, de payer des pénalités pouvant aller de 100 000 USD à 500 000 USD. Enfin et non des moindres, pour ce qui est du caractère bizarre de ce projet qui est donc parachuté depuis la présidence de la République, l’ATPMS qui est une société béninoise ne jouit pas d’une bonne réputation dans certains pays africains où elle a déjà opéré. De nombreux articles en ligne évoquent les démêlés de Jean Codo, son patron béninois.
R.Edmond