
Les normes sur les hôtels et restaurants à Madagascar doivent s’aligner avec celles des autres pays, si la Grande-île veut devenir une destination touristique incontournable, selon Phillipe-Jean Arnou, consultant en hôtellerie, dans le secteur depuis 35 ans, et ce, sur trois continents.
Interview.
Midi Madagasikara. Vous avez travaillé en tant qu’expert en hôtellerie dans beaucoup de pays. Quels sont vos premiers constats sur le cas de Madagascar ?
Philippe-Jean Arnou. Si l’on veut développer le tourisme, il faut penser à la fidélisation de la clientèle. Et cela ne peut se faire si les touristes sont déçus de leurs séjours. Pour un Européen, par exemple, il faut environ 3 000 Euros pour faire un voyage touristique de 15 jours à Madagascar. C’est déjà beaucoup d’argent et s’il n’est pas correctement servi, il choisira de ne plus revenir. Lorsque l’on parle de normes, on a le sentiment que Madagascar n’est pas aligné au reste du monde. Hélas beaucoup d’hôtels 3 étoiles dans ce pays sont très différents d’un hôtel 3 étoiles aux normes dans le reste du monde. L’une des principales causes est le fait que bon nombre d’hôteliers et de restaurateurs à Madagascar n’accordent pas d’importance à la formation. Ils optent parfois pour des formations en interne, mais cela ne conduit pas à un développement souhaité. La concurrence est pourtant rude, face aux îles Vanille ou à l’Asie du Sud où les opérateurs sont forts en termes de prestation de service. Ils dépassent même parfois l’Europe.
Midi. Pourquoi avez-vous choisi de travailler ici ?
Philippe-Jean. Tout d’abord, je suis le seul expert international certifié membre de l’AMFORHT (Association mondiale pour la formation hôtelière et touristique) à travailler ici. Je suis arrivé dans ce pays en 2008, et avant cela, les établissements qui voulaient évoluer étaient obligés de faire venir des experts de l’extérieur. Ce qui coûtait très cher. Aujourd’hui, mon cabinet offre des formations et des conseils selon les besoins des hôteliers et des restaurateurs. Ces derniers n’ont pas toujours les connaissances et les expériences dans leur domaine d’activité. Le plus souvent, ce sont de simples investisseurs, mais ils s’en sortent bien, grâce au service Conseil. Certes, je suis sollicité ailleurs, en raison de mes expériences en Europe, en Asie du Sud-est et en Afrique. Mais j’ai choisi de me consacrer à Madagascar, face aux besoins dans ce pays.
Midi. Quel genre de services faites-vous exactement à Madagascar ?
Philippe-Jean. La direction d’un hôtel est compliquée. Elle s’apprend mais ne s’improvise pas. Nos activités tournent autour du service Conseil pour l’accompagnement de projet dans la création ou le développement ; la formation professionnelle qui est notre métier de base ; dans certains cas le recrutement ; et également le volet tourisme, grâce à un partenariat avec François Tourisme Consultants, car la biodiversité et le tourisme durable est indissociable du développement hôtelier et touristique de Madagascar. Le manque de formation coûte plus cher que la formation, car les clients font de mauvais commentaires sur leur séjour à Madagascar alors que le pays a un potentiel touristique inestimable. Certains hôteliers qui ont fait appel à nos services voient la différence. Certains conseils sont déjà disponibles gratuitement sur notre site web (www.mada-hotels-consultant.com). Mais nous organisons également des séances de renforcement de compétences, périodiquement. La prochaine, par exemple, sera pour le 5 août, dédiée aux cadres, responsables de restaurant, chefs de rang et serveurs. La formation concernera le service en salle au programme : la mise en place, l’accueil des clients, les services en salle, les services boissons, la vente en salle, la tenue et l’hygiène et le nettoyage de salle.
Midi. Que pensez-vous des formations accordées à Madagascar ?
Philippe-Jean. Il y a beaucoup d’établissements. Malheureusement, les formations octroyées ne respectent pas toujours les standards internationaux et il arrive que de nouveaux diplômés ne soient pas embauchés. Pour assurer plus d’équité il faudrait un examen commun et un diplôme national.
Recueilli par Antsa R.