L’affaire Jean Pierre Randrianamboarina défraie en ce moment la chronique. Tous ceux qui ont suivi sur le petit écran le déroulement de son arrestation ne peuvent pas ne pas être choqués, outrés, voire révoltés. C’est tout simplement inhumain et dégradant! Les forces de l’ordre sont allées trop loin en franchissant les portes de l’Université pour poursuivre les étudiants, attraper un de leurs leaders et lui exercer la vindicte devant les caméras des journalistes. C’est grave ! Mais curieusement elles n’ont pas empêché de filmer la scène qui a vite fait de faire le tour du monde. D’habitude, elles n’aiment pas les témoins et interviennent pour chasser les gens de presse, au pire casser leur matériel, démolir les films pouvant servir de preuve. N’en doutez point, c’est déjà arrivé plusieurs fois à des manifestations dans le passé dans notre pays !
Pas des ennemis
Les forces de l’ordre sont sur des charbons ardents depuis un bon moment. La perte de huit des leurs dans la lutte contre les dahalo dans le Sud nourrit le sentiment de revanche voire de vengeance. Le ton des discours d’hommage et de reconnaissance des hauts responsables sur la perte cruelle de braves et courageux militaires morts en service commandé dans lutte contre l’insécurité, l’a renforcé. « Pas de quartier ! » a-t-on lâché pour résumer. Aussi depuis quelques jours, œil pour œil, dent pour dent ! Gare aux « dahalo » qui se trouvent sur le chemin de l’expédition punitive militaire venue leur rendre la monnaie de leur pièce. Plusieurs d’entre eux sont morts ou blessés. Sans procès. On peut maintenant se poser la question, si les foyers de tension et les manifestations méritent le même traitement. Des étudiants en grève ne peuvent être considérés comme des ennemis de la nation. Les forces de l’ordre se trompent d’adversaires en s’acharnant sur eux. L’insécurité est réelle et ne cesse de se développer en ce moment. Les forces de l’ordre devraient s’y consacrer davantage. Il est intolérable que des innocents meurent chaque jour par les agressions, les cambriolages, les viols, les délits de fuite dans les accidents qui meublent les pages de faits-divers des médias. Aurait-on tendance à oublier le code de déontologie. La force est instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée. Le verdict du Tribunal concernant Jean Pierre Randrianamboarina est attendu aujourd’hui. Il a obtenu la liberté provisoire mais il est accusé de tentative de déstabilisation, d’outrage aux forces de l’ordre et organisation d’une manifestation non autorisée. Une affaire à suivre.
Zo Rakotoseheno