
Le meneur de grève à Ankatso a été sanctionné tour à tour par l’EmmoReg et la Justice.
Le verdict dans le procès de Jean-Pierre Randrianamboarina est tombé hier. Contrairement à l’attente des membres de sa famille et de ses avocats, il n’a pas été relaxé purement et simplement par le tribunal correctionnel de Tana. Il a écopé de 6 mois de prison avec sursis. Une véritable mise à l’épreuve pour le meneur de grève à Ankatso qui ne peut pas récidiver sous peine de voir sa condamnation devenir ferme. Dans un délai de 5 ans, il ne doit pas commettre une nouvelle infraction quelle qu’elle soit et encourir une nouvelle condamnation.
Mascarade. Me Willy Razafinjatovo, l’un des avocats de la défense est loin d’être satisfait. « Nous allons faire appel immédiatement », annonce-t-il. A son avis, « ce jugement n’est que pure mascarade pour couvrir les fautes graves de l’Etat ». Et lui de rappeler : « en se basant sur les textes en vigueur, techniquement, l’Etat n’a aucune preuve contre la personne que nous défendons ». Ainsi, lui de demander : « pourquoi Jean Pierre n’a-t-il pas été complètement innocenté ? Depuis quand le fait de réclamer son droit de reprendre les cours constitue-t-il un délit ou un crime ? »
Pression. Me Olala de s’interroger si le Tribunal correctionnel n’a pas subi une pression venant d’en haut. « Il n’y a aucun élément à charge contre lui », plaide-t-il. Il a enlevé son blouson cuir pour faire une séance photos avec Jean-Pierre et ses camarades de campus. Un geste de solidarité avec les étudiants de la part de celui qui figurait parmi les meneurs de la grève estudiantine de mai 72. Histoire pour Olala de conjuguer le présent au passé décomposé. Pour sa part, Jean-Pierre qui a été arrêté et torturé par les Forces de l’ordre avant d’être inculpé, n’a pas manqué de remercier tous ceux qui l’ont soutenu, de près ou de loin durant cette terrible épreuve. Et ce, même s’il a comparu libre hier devant le tribunal correctionnel de Tana pour « trouble à l’ordre public, pillages, atteinte à la sûreté de l’Etat, haine au Gouvernement ».
Victimes collatérales. Le verdict d’avertissement rendu hier à Anosy n’a pas dissuadé les camarades de Jean-Pierre de mettre un terme aux jets de …pierre. De leur côté, les éléments de l’Emmoreg ont continué à lancer des bombes lacrymogènes contre les étudiants. Pour ne pas être des victimes collatérales, les riverains d’Ankatso se sont mis à l’abri. Même principe de précaution pour les taxis-be qui ont changé provisoirement de terminus face aux échauffourées qui ne sont pas près de se …terminer. Tout dépend de la décision prise par chaque département qui tiendra lundi une assemblée générale.
Arnaud R.