
Plus de sachets à partir du mois d’octobre. L’avertissement s’adresse aux clients de plusieurs magasins de grande distribution, rappelant à tous que l’échéance approche et qu’il va falloir renoncer définitivement à ce produit qui rend service, mais hautement polluant.
Madagascar emboîte le pas à ses voisins d’Afrique dans l’interdiction de la production, de la vente et l’usage du sachet en plastique. Le décret 2014-1587 du 7 octobre 2014 portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de l’utilisation des sachets et des sacs en plastique, officialise la décision de la Grande île de mettre fin aux ravages causés par ce produit sur l’environnement. Comme l’ont fait plusieurs années auparavant plusieurs africains comme la l’Afrique du Sud, la Mauritanie, le Mali, l’Ouganda, la Tanzanie, ou encore le Kenya et surtout le Rwanda et la Somalie qui ont totalement interdit le sachet en plastique sous toutes ses formes. Une mesure assortie de sanctions sévères en cas d’infraction : les contrevenants encourent non seulement une peine sous forme d’amende, mais risquent jusqu’à une peine d’emprisonnement.
Pour Madagascar, le décret adopté en 2014 définit le champ d’application des dispositions autour des sacs et sachets en plastique d’une épaisseur inférieure ou égale à 50 microns, quelle qu’en soit la densité et la dimension. En d’autres termes, sont concernés tous les sachets en plastique auxquels les Malgaches sont habitués.
Multi-usage et insolite. Omniprésent dans le quotidien de tous, ou presque, le sachet en plastique sera certainement difficile à remplacer dans les ménages malgaches et le défi de les ôter des habitudes de consommation est réel. Car outre son usage « traditionnel » pour les courses et l’emballage, l’usage fait du sachet en plastique à Madagascar peut être tout à fait insolite. Des quelques millilitres d’huile alimentaire achetée à l’épicerie du coin pour le repas du jour, à la tasse de café transvasée chez le marchand de « mofo gasy », en passant par le bol de soupe chez le gargotier du quartier, transporté dans un petit sachet en plastique ! Autant d’usages insoupçonnés sous d’autres cieux, mais qui font partie du quotidien d’une frange de la population à Madagascar. Peu d’usagers ont connaissance, ou se soucient du caractère nocif du sachet en plastique en contact avec la chaleur dégagé par les produits alimentaires chauds comme le café ou la soupe !
Bombe à retardement. Qualifié de véritable petite révolution à l’époque de sa découverte, le sachet en plastique en polyéthylène est aujourd’hui à l’origine de véritables désastres environnementaux. Non biodégradable, le sachet en plastique reste présent dans la nature pendant plusieurs siècles. Le temps de dégradation est estimé à 450 à 500 ans. Inondant les terrains vagues et s’accrochant partout, emporté par le vent, il obstrue également les canaux d’évacuation d’eaux usées, causant les rapides montées des eaux et les inondations dans les agglomérations urbaines lors de la saison des pluies. Les faits les plus récents remontent à la dernière période pluvieuse de 2014-2015, durant laquelle les inondations ont fait des milliers de sans-abri, avec les impacts que l’on sait, sans parler du coût généré par de telles situations.
Reconversion et alternatives. Au lendemain de l’adoption du décret d’interdiction de l’usage du sachet en plastique, les industries et unités de fabrication de ce produit à Madagascar commencent à envisager d’autres alternatives, non sans mettre en avant les conséquences les plus redoutées : les pertes d’emploi. Des impacts en marge desquels les possibilités de reconversion se sont également multipliées. Le sachet biodégradable en plastique végétal est les plus en vue. Celui à base de manioc, notamment, est le plus exploité et commence à faire son apparition dans certains commerces. Le sachet à base d’amidon de maïs trouve également preneur. En attendant, ou parallèlement à une future vulgarisation à grande échelle de ces produits, les consommateurs devront, de leur côté, changer radicalement leurs habitudes : le plus évident est d’emporter des paniers ou des cabas pour les courses, en attendant que des produits de substitution soient suffisamment présents sur le marché. Bref, un changement à adopter… pour la bonne cause.
Hanitra R.