Le concerné sera-t-il présent durant ce procès ? Les observateurs suivent avec intérêt cette affaire qui concerne le présumé gros poisson du trafic de bois de rose.
Il est conseiller technique du ministre de la Sécurité publique. Il, Bekasy Johonfrince, est un présumé gros poisson du trafic des bois précieux. Le Directeur Général du Bureau Indépendant de la Lutte Anti-Corruption (Bianco) qui se charge d’ailleurs de son enquête, l’avait qualifié de la sorte. Auprès de cette organisation, nous avons appris que le dossier est maintenant clos et le concerné passera ce-jour, pour la seconde fois, devant la chaîne pénale anti-corruption. « Nous avons recueilli plusieurs témoignages pour peaufiner le dossier. Les charges judiciaires ne manquent pas à l’encontre du sieur Bekasy », a-t-on appris de notre source auprès du Bianco. Cette affaire préoccupe les esprits et est très suivie par les observateurs du fait que le plaignant est, lui-même, le ministère de l’Environnement. Et pourtant, la requête a été déboutée durant la première comparution. Le dossier concerne plusieurs infractions pénales allant de la corruption, en passant par le blanchiment d’argent pour finir avec le trafic illicite de bois de rose. Concernant le troisième chef d’accusation, on reproche à Bekasy et consorts d’avoir expédié pas moins de 4 000 rondins de bois précieux à destination des pays asiatiques. Outre la mesure d’interdiction de sortie du territoire requise par le Bianco à l’endroit de ce conseiller technique du ministre de la Police, la même organisation indépendante a exigé à ce que le concerné se présente ce-jour à la chaîne pénale. C’est d’ailleurs le clou du spectacle, le suspens que les observateurs attendent. Le rapport de l’ONG Trafic avance que le manque à gagner pour Madagascar face à l’expédition illicite de bois de rose est évalué à 580 millions de dollars depuis l’année 2008 jusqu’à 2015. Un container plein de bois précieux vaut la somme colossale de 6 000 dollars (prix FOB). Il est acheté à quatre fois plus, une fois arrivé en Chine. Cette forte valeur ajoutée a amené à la fois les mafias et la politique à s’intéresser dans ce type de trafics. Le procès d’aujourd’hui serait un signal fort si l’Etat est prêt à s’engager dans la lutte, comme le chef de l’Etat a annoncé le 05 février 2014, si ce n’est qu’un simple effet d’annonce comme la mise en place du tribunal spécial bois de rose. En tout cas, l’honneur du gouvernement entre en jeu dans le traitement de cette affaire puisque le plaignant lui-même est un ministre d’Etat…
Didi R.