
C’était prévisible. Le processus d’interdiction de l’utilisation du sachet en plastique se heurte à un mur.
Faute de mesures d’accompagnement, l’interdiction du sachet en plastique est largement bravée par les usagers, du moins, le premier et deuxième jour de l’entrée en vigueur du décret n° 2014-1587 du 7 octobre 2014 portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de l’utilisation du sachet en plastique. Si dans les grands magasins, ces produits ne sont plus proposés aux clients, d’autres types d’emballage, dont le sachet biodégradable et autres sacs réutilisables, mais payants, ou encore le carton, prennent le relais. De quoi agacer certains clients qui se sentent, par ailleurs, « importunés » pour d’autres questions telles les pièces de monnaie ou les petites coupures pour faciliter la tâche aux caissières pas suffisamment équipées en petits billets dans leurs caisses enregistreuses.
Dans les marchés, en revanche, les usagers continuent d’utiliser le sachet en plastique. Le constat est que les mesures de mise en application du décret portant interdiction du sachet en plastique, ne sont pas suffisamment à la hauteur des objectifs. Tant sur les sanctions que sur les produits de remplacement, le déficit en termes d’information se traduit par une incompréhension quasi-générale de cette interdiction. Les citoyens ayant abandonné complètement le sachet en plastique au profit d’un autre type d’emballage, sont encore largement minoritaires pour l’instant.
Remplacement. Les produits de substitution au sachet en plastique, bien que déjà existants, ne sont pas encore commercialisés à grande échelle. De leur côté, les usagers ne sont pas encore prêts à changer leurs habitudes et prendre la peine de chercher d’autres possibilités afin de ne plus utiliser de sachets. Quant aux petits commerçants et les épiciers, les alternatives au sachet en plastique restent inconnues. Les marchands de fruits et légumes, les bouchers et les poissonniers se sentent particulièrement lésés. Encore peu habitués à emporter avec eux des paniers ou autres sacs pour les courses, les clients renoncent à leur achat, faute d’emballage. « Si je ne propose pas de sachet, le client préfère ne rien acheter. C’est très mauvais pour mes affaires, alors que je n’ai rien pour remplacer le sachet », se plaint une marchande de légumes à Analakely, en voyant une cliente renoncer à ses petits pois et à ses brèdes. Autant d’éducation à faire et de mesures à mettre en place pour que le processus d’interdiction déjà lancé suive son cours le plus normalement possible. Bref, si Madagascar veut réussir le pari d’emboîter le pas aux autres pays déjà parvenus à renoncer au sachet en plastique, il y a certainement quelques tirs à rectifier. Autrement, ce décret portant interdiction du sachet en plastique sera, lui aussi comme d’autres auparavant, relégué aux oubliettes dans quelque temps. On parie ?
Hanitra R.