
Les natifs de la province de Diégo demandent la libération immédiate du jeune opérateur Bekasy Johonfrice.
Placé sous mandat de dépôt à Antanimora le 28 septembre 2015, deux chefs d’inculpations pèsent sur le jeune opérateur émergent du Nord Bekasy Johonfrince : exportation illicite de bois de rose en 2013 et blanchiment des capitaux. Hier, les natifs de la province de Diégo sont montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils appellent une « injustice » dans cette affaire. Pour eux, une infraction est constituée de trois éléments. A propos surtout de l’élément matériel, les natifs de la province de Diégo d’interpeller : « Donnez-nous les preuves que tels ou tels rondins de bois de rose ont été exportés illicitement par Bekasy. Dites-nous vers quels pays et quels bateaux ont transporté ces bois de rose. » Et eux d’ajouter : « Supposons que l’infraction est constituée, quid alors de la déclaration faite par le président de la République le 25 janvier 2014 selon laquelle il n’allait pas faire la chasse aux auteurs du passé ! Pour nous, une déclaration du président de la République vaut loi et une loi ne peut avoir un effet rétroactif. »
Complices. L’infraction s’est passée en 2013. Ce n’est que deux ans après qu’il y a eu arrestation. « Pour nous, s’il n’y a pas eu arrestation pendant deux ans, c’est qu’il y a eu des complices. Et si Bekasy est coupable, il faut pousser un peu plus loin l’enquête pour connaître ces complices. Quid des noms de trafiquants de bois de rose qui figuraient dans la liste publiée par Omer Beriziky lors de sa passation avec le PM Kolo Roger ! Où est la continuité de l’Etat dans tout cela? Il y a deux poids deux mesures.», ont martelé hier les natifs de la province de Diégo. Avant d’enfoncer le clou : « Les bois de rose ne sont pas des tiges d’allumette que l’on peut mettre dans la poche. Pourquoi Bekasy n’a-t-il pas été interpellé au moment où il a exporté ses bois ? » Les natifs de la province de Diégo sont allés jusqu’à faire des « Ampamoaka » : « Considérons que la déclaration présidentielle du 25 janvier 2014 n’a aucune valeur, où sont-ils passés les bois de rose saisis à Iavoloha du temps de Ravalomanana ! Quid des bois de rose découverts à Sambaina et aux Comores à l’époque du PM Camille Vital ! Où sont-ils passés les 5000 rondins et les 450 tonnes de bois de rose saisis à l’époque du premier ministre Omer Beriziky respectivement à Androhombazaha et à Andranotsara ! »
Bouc émissaire. Les natifs de la province de Diégo ont lâché hier le mot « bouc émissaire » pour qualifier Bekasy Johonfrice. « Nous entendons que les bailleurs de fonds exigent comme condition du déblocage de leurs financements que pour justifier la lutte contre la corruption, on fasse tomber des têtes dans plusieurs filières et domaines d’activité dont le bois de rose, le vol des bœufs, la JIRAMA et l’Air Madagascar. Ce qui est malheureux dans cette histoire, c’est que des opérateurs malgaches innocents paient le frais de cette condition des bailleurs de fonds. Pour le cas de Bekasy, nous croyons qu’il n’est pas le seul exportateur des bois de rose depuis des années à Madagascar. Pour nous, le jeune opérateur émergent Bekasy est le bouc émissaire des exigences des bailleurs de fonds. Et on l’a jeté en prison parce qu’il n’a pas de protection. », ont dénoncé ces originaires du Nord. Et eux de prévenir : « D’après nos sources, d’autres opérateurs seraient dans la liste de ceux qui seraient à sacrifier pour justifier l’action de l’Etat contre la corruption et le blanchiment d’argent. »
Interdiction bancaire. L’incarcération de Bekasy n’était pas le seul sujet que les natifs de la province de Diégo ont évoqué hier. Ils ont remis sur le tapis l’interdiction bancaire dont fait l’objet jusqu’ici plus de 130 opérateurs de la région SAVA. « Non seulement ces opérateurs sont victimes, mais aussi l’économie de la région est asphyxiée par cette mesure anti-économique. Alors que cette région du Nord assure 30% de recettes d’exportation à Madagascar avec ses produits de rente. Actuellement, une superficie de plus de 300.000ha est déjà occupée par la plantation de cacao dans la SAVA. Pour nous, les banques commerciales qui sont implantées à Madagascar n’ont plus leur raison d’être. Nous demandons à l’Etat de créer une banque d’investissement pour les Malgaches. Madagascar est le seul pays au monde qui n’en a pas. » ont déploré ces natifs du Nord.
Libération immédiate. Les natifs de la province de Diégo demandent donc la libération immédiate du jeune opérateur Bekasy Johonfrice et le respect de l’Etat de droit étant donné que les Malgaches sont égaux devant la loi selon la Constitution. Ils demandent également au président de la République à se souvenir de sa déclaration du 25 janvier 2014. On a appris hier qu’une délégation des natifs du Nord dirigée par les députés élus dans cette partie de l’île demande à rencontrer le président de la République. Cette rencontre leur permettra d’expliquer les tenants et aboutissants de cette « affaire Bekasy » « Ce sera une occasion pour nous de démontrer au chef de l’Etat que Bekasy est un opérateur en règle vis-à-vis de la loi, avec les agréments nécessaires à ses activités.», ont-ils précisé hier. A noter que cette délégation s’est déjà entretenue avec le Premier ministre. Ce dernier a promis de suivre de près l’affaire, mais aucune action n’a été entreprise jusqu’à maintenant.
Recueillis par R. Eugène