
La sonnette d’alarme tirée par les élus du Grand Sud, avant-hier, ne fait que confirmer la gravité de la situation alimentaire dans cette partie de Madagascar.
Les craintes se confirment. La période de soudure qui commence à peine a déjà eu précocement des effets sur les populations dans la partie Sud de Madagascar. En effet, le déficit pluviométrique observé depuis octobre 2014 a causé des pertes importantes de récoltes dans le Sud, aggravant la situation alimentaire et nutritionnelle des populations. Ces dernières étaient déjà durement éprouvées durant toute l’année, suite à cette situation de sécheresse et le manque de nourriture particulièrement inquiétant dans les régions Anosy et Androy. La situation se traduit par une période de soudure précoce, qui a commencé dès le mois de juillet.
On s’attend à ce qu’elle soit encore plus difficile que l’an dernier.
Taux de malnutrition. La campagne nationale de dépistage de la malnutrition menée durant le premier trimestre de cette année dans les 7 districts les plus affectés dans les régions Anosy et Androy, a montré que près de 10% des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition aiguë modérée et 3%, de malnutrition aiguë sévère. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM), partie prenante dans la mission d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire en 2015, souligne qu’« en comparaison avec les années précédentes, la situation nutritionnelle s’est détériorée, avec des taux de malnutrition dépassant des seuils critiques ».
Stock de nourritures. La partie Sud-Est de Madagascar est également affectée par l’insécurité alimentaire et la situation est préoccupante. Ici, les productions agricoles prévues lors de la grande saison culturale sont bien inférieures à celles attendues. Ces derniers mois, plus d’un demi-million de personnes sont en insécurité alimentaire sévère dans plusieurs régions de Madagascar, dont l’Anosy, l’Androy et le Vatovavy Fitovinany. Dès le mois de juillet, le stock de nourritures de base a commencé à s’épuiser. Ces dernières semaines, dans le Grand Sud, les ménages commencent à vendre des ustensiles de cuisine et d’autres biens afin de se procurer à manger. Car ici, le « kapoaka » de maïs se vend à Ar 400, un prix bien trop élevé pour une population aussi démunie. Le prix de l’eau, toujours aussi difficile à trouver, grimpe jusqu’à 1 200 Ariary pour un bidon de 20 litres, en témoignent les élus dans le Sud, qui affirment que l’on assiste déjà à une réédition de la situation de détresse d’il y a quelques mois, et dans quelque temps, à une nette aggravation de celle-ci, en l’absence d’une réponse à la hauteur de la gravité de la situation.
Hanitra R.