L’Assemblée nationale est en pleine réflexion. Le projet de destitution du Bureau permanent va son bonhomme de chemin. La nouvelle majorité parlementaire qui a voté la loi sur la nouvelle Ceni (Commission électorale nationale indépendante) en serait l’instigateur. Mais au sein même de celle-ci, certains députés hésitent et ne semblent pas vouloir sauter le pas. Ceux qui évoluent en dehors de cette majorité ne savent pas encore sur quel pied danser. Parmi eux certains sont tentés par un autre projet. Celui de remettre sur le tapis la motion de censure contre le gouvernement. La session ordinaire semble mal partie et risque de négliger le plus important, l’examen du projet de loi de finances 2016. Il n’a pas encore été transmis à l’Assemblée nationale jusqu’à présent.
Majorité imprévisible
Destitution du Bureau permanent, motion de censure, quel projet passera en premier ? Les députés pourraient cependant être pris de court parce que des bruits qui circulent dans les coulisses politiques font état d’un projet imminent de changement ou de remaniement du gouvernement. Le président de la République n’aborde pas ce sujet dans ses tournées. Il ne donne aucune impression d’insatisfaction dans ses discours d’inauguration d’infrastructures. Des membres du gouvernement l’accompagnent dans ses tournées. Certains plus fréquemment que d’autres. Des affinités ? Des ministres, en revanche, sont pratiquement éteints et invisibles et sont très rarement avec le président. Ils évitent le devant de la scène pour mieux entretenir le dicton populaire, « pour vivre heureux, vivons cachés ». Une chose est sûre, faute de résultats significatifs, le remaniement est souhaité dans les coulisses politiques. Le HVM, le TIM, le Mapar, autrement dit, le trio de tête des gagnants des élections communales, ne rechigne pas sur une nouvelle distribution des portefeuilles ministériels. Beaucoup de politiciens estiment que l’avènement de nouveaux rapports de forces politiques sur le plan national devrait logiquement entraîner une révision du gouvernement. Mais au sommet de l’Etat, le discours ne varie pas. C’est la recherche de stabilité, d’apaisement et de réconciliation. Des observateurs pensent que le remaniement est inévitable. Il peut se faire avant ou après les élections sénatoriales. Dans les deux cas, des membres du gouvernement actuel pourraient être nommés au Sénat par le Président de la République qui dispose de 21 sièges d’après la répartition décidée en Conseil de ministres. Mais quoi qu’il en soit, la stabilité politique demeure fragile. Tant que le Sénat n’est pas sur pied, l’Assemblée nationale joue seule sur le terrain parlementaire. La majorité dans cette institution est imprévisible. Si elle grossit en effectif, elle tentera de destituer le Bureau permanent ou le gouvernement, ou les deux à la fois, pendant cette session. Voilà encore une Affaire à suivre.
Zo Rakotoseheno