
Intraitable sur le plan technique et juridique, Marc Ravalomanana essaie de faire en sorte que sa position n’ait pas une incidence politique dévastatrice sur sa relation avec le régime en place.
L’ancien président n’est pas près de fléchir face aux avertissements lancés par le régime en place par le biais successivement du ministre d’Etat en charge de l’Aménagement du Territoire Rivo Rakotovao et du premier ministre Jean Ravelonarivo. C’est ce qu’on peut conclure des déclarations que Marc Ravalomanana a faites hier à Ambohimahitsy-Ambohimangakely lorsqu’il effectuait un état des lieux sur le site de la société ALMA (Asa Lalana Malagasy). L’ancien président a débarqué avec des dossiers en affirmant que la Propriété « Fahatsiarovana XX » sise à Andohatapenaka était devenue propriété de Tiko Agri d’après un contrat de cession de propriété signé le 24 juin 2008. « Je suis dans mon droit le plus absolu en revendiquant actuellement ma propriété. », a-t-il averti. Le régime n’a pas encore réagi à cette « version » du fondateur du groupe Tiko. Si le ministre d’Etat ou la Seimad réagissent aujourd’hui, ils devront expliquer ce qui s’est passé depuis le 24 juin 2008 jusqu’à ce jour. Y a-t-il eu expropriation pour cause d’utilité publique sur cette propriété « Fahatsiarovana XX » ?
Incidence politique. Marc Ravalomanana semble être intraitable sur le plan technique et juridique. Par contre, force est de constater que l’ancien président essaie de tempérer sur le plan politique pour ne pas être accusé de mener des actes de déstabilisation contre le régime. « J’ai déjà dit que je ne voulais pas faire de coup d’Etat. », a-t-il réitéré hier à Ambohimahitsy. Marc Ravalomanana a par ailleurs déclaré que les députés de son parti continuent de soutenir le pacte de responsabilité. Visiblement, l’ancien président s’impatiente. Pour certains, il ne veut plus attendre 2018. Et le seul moyen qui lui permet d’accéder au pouvoir sans passer par les élections, c’est faire un coup d’Etat. Or, lors de la 70e Assemblée générale des Nations Unies à laquelle a participé le président de la République Hery Rajaonarimampianina, la communauté internationale a voulu faire savoir aux dirigeants africains qu’aucun coup d’Etat ne serait plus accepté. Ce qui s’est passé au Burkina Faso est l’exemple du refus de coup d’Etat par la communauté internationale. La pression de cette communauté internationale a fait reculer le Général putschiste Gilbert Bienderé et a abouti à la condamnation à mort de son épouse.
Effets d’annonce. En tout cas, la descente effectuée hier à Ambohimahitsy a permis à Marc Ravalomanana de constater de visu l’état des installations de la société ALMA. Une occasion pour lui d’annoncer que cette société du groupe Tiko contribuera à la réfection des routes de la Capitale. « J’ai le devoir d’aider ma femme. Des investisseurs allemands et sud-africains vont venir pour nous aider. », a souligné Marc Ravalomanana. Mais, il n’y a pas que les routes qui font défaut à Tana. La saison des pluies pointe son nez. Le problème d’évacuation d’eau, rencontré notamment par les bas quartiers, doit être résolu pour éviter les inondations. Sans parler du problème des ordures que les responsables successifs à la tête de la commune urbaine d’Antananarivo ne sont pas arrivés à résoudre faute de budget suffisant. Bref, de nombreux défis attendent le nouveau maire Lalao Ravalomanana. L’heure ne devrait plus être aux effets d’annonce car il y a péril en la demeure à l’approche de la saison de pluie.
R. Eugène