
Suite à l’abrogation de la nomination du directeur général de l’OMDA, Haja Ranjarivo, les artistes ont uni leurs voix pour remettre en question le problème de fond de cette office, signifiant qu’il ne faut pas confondre poste technique et décision politique. Une réunion s’est tenu hier avec le syndicat des artistes, le CA de l’OMDA, des membres de l’OMDA et des artistes.
La nomination du directeur général de l’OMDA (Office malgache des droits d’auteurs), Haja Ranjarivo, a été abrogée. Depuis le début de cette semaine donc, Haja Ranjarivo, très apprécié des artistes membres de l’OMDA, n’en est plus le directeur. Le syndicat des artistes, mené par Ndriana Ramamonjy, a déjà rencontré les responsables auprès du ministère de la Culture et de l’Artisanat, par deux fois, mais cela n’a pas assez convaincu le ministère. La décision est donc tombée, l’abrogation signée. Une décision fortement contestée par les artistes, qui ont donc décidé de se réunir hier au bureau de l’OMDA à Faravohitra. Ces derniers remettent en question un problème de fond, concernant l’article 11 du statut de l’OMDA qui stipule que « L’Office Malagasy du Droit d’Auteur (O.M.D.A.) est administré par un Directeur. Il est nommé par décret pris en Conseil de ministres sur proposition du ministre de la Culture (…). Il est mis fin à ses fonctions dans la même forme ».
Budget. 94% du budget de fonctionnement de l’OMDA est assuré par la perception des droits d’auteur, et donc, par extension, par les artistes. 6% seulement proviennent de la subvention du ministère. Cette autonomie budgétaire a permis à cette office, pourtant rattachée au ministère de la Culture et de l’Artisanat, de fonctionner normalement, et ce depuis des années. Malgré les problèmes rencontrés, comme la lutte infernale et infinie contre le piratage, l’OMDA, dirigée par Haja Ranjarivo, a toujours réussi à fonctionner, mais aussi à redistribuer les droits d’auteurs auprès des artistes. Ces derniers d’ailleurs sont très satisfaits du travail du Directeur Général.
Scandale. En remontant plus loin, le scandale « OMDA » a commencé par le détournement des perceptions collectées à Toamasina. La personne soupçonnée a ensuite démissionné. Elle était la « protégée » des autorités bien placées auprès du ministère de la Culture. Aujourd’hui, les analyses de l’opinion publique ramènent à l’abrogation du DG. Pas de commentaires ! Mais les artistes s’insurgent tout de même. « 94% du budget de l’OMDA provient des artistes. Et pourtant, nous n’avons même pas une seule petite part de décision. C’est injuste. C’est un peu comme si dans une entreprise, l’associé majoritaire n’a pas de pouvoir de décision. Ce n’est pas normal !!! », crie Théo Rakotovao, haut et fort. Une entreprise, voilà justement une des propositions avancées, pour que le pouvoir de décision revienne à ceux qui apportent plus de fonds. Un exemple calqué sur la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) en France, une société privée à but non lucratif gérée par ses membres.
Buzz. Hier, le débat entre les artistes qui s’est tenu au bureau de l’OMDA a été passionné. Les artistes se sont donnés la main pour contester cette abrogation, allant jusqu’à remettre en question le fait que ce soit un ministre (poste politique) qui nomme un directeur (poste technique). Le plaidoyer est encore long, la route houleuse. Plusieurs propositions ont donc été avancées, dont la « diffusion morte » ou le fait de ne pas diffuser d’œuvres (chansons ou autres) malgaches sur les ondes de la radio et à la télé, et un lobbying auprès des autres opérateurs culturels comme les radios et télé justement. En attendant, le syndicat rédigera un communiqué pour expliquer les raisons de cette action.
Anjara RASOANAIVO