Avec la cacophonie ces derniers temps concernant le dossier des îles Eparses, Madagascar possède des gisements potentiels de pétrole tant sur le territoire que dans les ZEE (Zones Economiques Exclusives). Mais encore faut-il savoir les exploiter et surtout prévoir les risques de pollution liés à ces activités.
Selon les estimations, Madagascar pourrait faire bientôt partie des pays producteurs de pétrole. Pour les blocs de Tsimiroro et Bemolanga, une production annuelle atteindrait les 2,7 milliards de barils de pétrole lourd, carburant utilisé dans l’industrie. Ces gisements représentent une manne financière importante. Il pourra donc, à terme, être exploité tout en prenant compte de l’impact environnemental. A l’Université d’Antananarivo, à la Faculté des Sciences, une équipe de chercheurs conduite par le Pr Pierre Ravelonandro s’est penchée sur le risque de pollution durant le traitement, le stockage et le raffinage des hydrocarbures. Une manière d’anticiper et d’alerter les responsables sur une exploitation à grande échelle de cette matière fossile à l’état solide, liquide ou gazeux. Certains types de ces composés organiques sont très toxiques et cancérigènes, mobiles et persistants. La présence des hydrocarbures dans le sol, dans l’air et dans l’eau suite à des déversements accidentels et/ou opérationnels, mineurs ou importants, constitue un risque, non seulement pour l’environnement ou l’écosystème, mais surtout pour la santé. « Notre travail consiste à mesurer les polluants organiques persistants POPs et à mettre en œuvre un système de traitement des sols pollués en hydrocarbures. Il existe diverses techniques permettant l’élimination des composés organiques de ce type à savoir des procédés physiques, des procédés chimiques et des procédés biologiques » souligne le Professeur.
Utilité de la Science. Des institutions publiques et sociétés privées spécialisées dans le domaine pétrolier ont déjà fait appel à l’expertise du Professeur et de son équipe. « A travers cet ouvrage, nous voulions montrer l’utilité de la science au service du développement. Les données fournies sont réelles et sont des indicateurs non négligeables surtout pour l’étude d’impact environnemental » précise le Pr Ravelonandro. Le Professeur à la fois directeur de l’Unité de Recherche en Génie des Procédés et en Génie de l’Environnement à l’Université, a aussi émis des remarques sur les conditions de travail au sein de sa faculté« En tant qu’enseignant-chercheur, j’ai eu l’occasion de visiter des universités à l’étranger. Je refuse que la nôtre soit classée au bas de l’échelle dans le classement international. Des réformes doivent être adoptées, des moyens mis à disposition pour un meilleur résultat avec des étudiants plus motivés. » Une conviction personnelle qui ne cache pas son ambition de se présenter à la prochaine élection du Président de l’Université de Tana.
Recueilli par Antsa R.