L’Assemblée nationale a débloqué une enveloppe de 375 millions de francs pour les travaux d’une commission d’enquête qui sont voués à l’échec.
L’ « affaire Mara Niarisy » connaît un nouveau rebondissement. 19 députés membres d’une commission d’enquête parlementaire quittent la Capitale ce jour pour se rendre à Ankazoabo Sud. L’Assemblée nationale a débloqué une enveloppe de 375 millions fmg pour financer les travaux de cette commission qui vont durer une semaine. En fait, vu l’éloignement du lieu, la délégation n’aura que deux jours sur place pour mener une enquête sur l’implication du député Mara Niarisy dans les vols de bovidés dans au niveau de sa circonscription. Ces deux jours suffiront-ils pour enquêter sur une affaire délicate qui implique non seulement un parlementaire, mais aussi plusieurs acteurs de différents domaines ? La commission d’enquête est composée des députés dont certains sont connus pour leur soutien indéfectible à Mara Niarisy, pour ne citer que l’élu de Morombe Lucien Rakotomalala (président de la commission), de Benenitra Randrianandraina Théophile et de Betioky Sud Jean Jacques Rabenirina. Hier, une réunion s’est tenue à l’Assemblée nationale dans le cadre des préparatifs du départ de la commission. On a appris à l’issue de cette réunion que certains organes de presse qui ont été contactés pour la couverture du déroulement de l’enquête ont été censurés par le député Mara Niarisy.
Immunité parlementaire. On a appris hier même qu’après cette descente de la commission d’enquête parlementaire diligentée par l’Assemblée nationale, le gouvernement dépêcherait à Ankazoabo Sud une équipe qui mènera une enquête pour confirmer l’implication du député Mara Niarisy dans les vols de bœufs à Ankazoabo Sud. Les perquisitions qui ont été menées au domicile de cet élu ont permis de découvrir des armes à feu et des bovidés sans papiers. 29 personnes ont été arrêtées après ces perquisitions. Parmi ces 29 personnes interpellées, 7 ont été placées sous mandat de dépôt. Le gouvernement a tiré sa conclusion en affirmant l’implication de Mara Niarisy dans cette affaire de vols de bœufs. Ce qui a amené le gouvernement, par le biais du secrétariat d’Etat à la Gendarmerie, de demander la levée de l’immunité parlementaire de cet élu pour pouvoir pousser plus loin les investigations. Visiblement, quel que soit le résultat des travaux de la commission d’enquête parlementaire, le gouvernement est déterminé à aller jusqu’au bout.
Sans suite. En tout cas, cette commission d’enquête parlementaire en charge de l’affaire de vol de bœufs à Ankazoabo Sud n’est pas la première du genre dans ce pays. Durant la transition, des membres du Conseil Supérieur de la Transition (CST) ont mis en place des commissions parlementaires pour enquêter sur des dossiers chauds dont le bois de rose, l’or, l’insécurité, la corruption… Jusqu’ici, les résultats de ces travaux de ces commissions d’enquête ne sont pas officiellement publiés pour des raisons que certains observateurs comprennent. En fait, on s’interroge sur la valeur juridique des résultats de ces commissions. Sur le cas d’Ankazoabo Sud, l’affaire oppose particulièrement un député au gouvernement. La guerre a été même déclarée lorsque le Premier ministre a martelé lors d’une séance d’interpellation à l’Assemblée nationale sur cette affaire que la revanche sera terrible. Par ailleurs, force est déjà de préjuger que les décisions de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Mara Niarisy ne seraient pas exécutées par l’Exécutif. Une manière pour anticiper que les travaux de cette commission sont voués à l’échec.
R. Eugène
