Le spectacle du champ politique ressemble parfois à celui d’un bal, en ce sens que les acteurs jouissent du moment, mais restent aussi attentifs aux talents potentiels des autres danseurs et à l’appréciation de l’assistance. Le boléro de Ravel est une célèbre composition musicale qui se danse en couple, de façon légère, au contraire d’une valse à cadence souvent austère. Mais cette danse recèle néanmoins le sens du rythme et d’improvisation.
Le Premier-ministre occupe la piste de danse. Tantôt, il virevolte d’un ministère à un autre pour asseoir son autorité sur l’administration. Tantôt, il fait la diagonale de la piste pour s’attaquer à l’Assemblée nationale pour arracher une levée d’immunité. Tantôt, il se dresse au centre pour rappeler sa responsabilité sur le maintien de l’ordre et de la sécurité. Le boléro est bien une danse à trois temps.
L’homme sied bien à son statut, toujours beau comme un sou neuf avec son gilet « andalou » rappelant le « volero » (danseur volant), origine étymologique du mot boléro.
Et oui, il chaloupe allègrement sur les flots avec son partenaire, le gouvernement, qu’il enlace avec grâce mais aussi avec fermeté. Il sait qu’aux moindres faux pas ou de distraction, l’harmonie du couple se rompt et peut gâcher la chorégraphie et même entraîner la disgrâce aux yeux du public et surtout ceux du chef d’orchestre, le maestro, toujours vigilant de la coordination du papier à musique et de l’image qu’on en tire.
Si de temps à autre, il jette des regards furtifs à gauche et à droite, il le fait pour surveiller les autres « volero » qui ne demandent qu’à lui voler la vedette de la scène. Il s’apprête donc à faire de la surenchère de ses réussites. Puis à tout risque de doublement sur son parcours par d’autres, Il est déjà sur ses gardes et ceci tout en louchant fièrement l’assistance. Enfin, il épie l’horloge de la salle, plus pour mesurer le temps passé au pinacle du pouvoir que celui qui en reste, parce que la cloche de la fin du spectacle va tinter à savoir quand.
Comme dans le film « On achève bien les chevaux » où le concours de danse ne s’arrête qu’à l’épuisement total des candidats, il lui est donc primordial de se ménager quitte à faire le vide et même s’imaginer parfois être hors de l’arène pour reprendre de plus belle après.
Vous souhaitant prompt rétablissement, Monsieur le Premier-ministre !
Mickey RANARIVAO





