L’ancien Vice-Premier ministre et non moins président national du « Malagasy Miara-Miainga » sort de son silence et décide d’émettre son point de vue par rapport aux actualités politiques du moment. Interview exclusive.
Midi Madagasikara : Qu’en pensez-vous des élections sénatoriales qui auront lieu le 29 décembre prochain ?
Hajo Andrianainarivelo : « Nous avions toujours dit que les élections sénatoriales ne devraient pas être organisées dans la précipitation. C’est la première fois dans l’histoire que la nouvelle CENI prépare déjà une élection alors que l’ancienne CENIT n’a pas encore terminé sa mission. Avec ce forcing, les tenants du régime cherchent uniquement à consolider leurs pouvoirs. C’est ridicule. Ce n’est pas par la mise en place des institutions que l’on parviendra à instaurer une stabilité. L’important, c’est que le régime puisse bénéficier de l’entière confiance de la population. A mon avis, la mise en place du Sénat ne constitue pas un gage pour une stabilité. Actuellement, il existe plusieurs chefs de région qui sont candidats aux sénatoriales. A un mois du scrutin, ils n’ont pas encore démissionné, pourtant, les textes stipulent que tout responsable étatique (président de la République, députés, maires…) qui se présente à une élection doit démissionner deux mois avant le scrutin. Bien malgré les risques, les dirigeants actuels font un forcing en organisant les sénatoriales. Pour ce qui est du Malagasy Miara-Miainga, en tant que grand parti politique, nous avons décidé d’y participer. Pour démontrer que nous ne sommes pas des lâches. Toutefois, nous mettons des réserves notamment à propos du nombre des bureaux de vote qui est identique au nombre des communes. Quid de la sincérité du vote ? Nul n’ignore que cela constitue un moyen indirect pour intimider et faire pression sur les grands électeurs ».
M.M : Est-ce que les partis membres de l’ARMADA n’ont pas trouvé un consensus pour une liste de candidats uniques ?
H.A : « Antananarivo est une circonscription spécifique en matière électorale, alors nous avons décidé de ne pas présenter une liste unique. Par contre, dans les autres Provinces, nous avons des candidats de consensus. Aussi, à Fianarantsoa et à Mahajanga, le MMM soutient la liste MAPAR et à Antsiranana, nous formons une coalition avec l’ancien Premier ministre, Jean Omer Beriziky. Pour ce qui est de la Province de Toliara, des pourparlers sont en cours ».
M.M : Votre point de vue à propos de la Loi de Finances 2016 dont l’adoption est en cours à l’Assemblée nationale ?
H.A : « Partout dans le monde, il n’existe aucun pays où la loi de Finances Rectificative de l’année qui se termine soit adoptée en même temps que la loi de Finances initiale pour l’année prochaine. Cela est uniquement possible à Madagascar. A mon avis, c’est un signe de mauvaise gouvernance et un exemple d’impunité. L’impunité est désormais institutionnalisée. Au lieu de dénoncer cela, la Communauté internationale et les bailleurs de fonds adoptent un silence complice. En tout cas, je suis particulièrement déçu par rapport à la Loi de Finances Initiale de 2016 dans la mesure où dans l’exposé des motifs, il n’existe même pas un mot sur la décentralisation. En quelque sorte, le régime cherche à centraliser les pouvoirs et les finances. L’Etat n’affiche aucune volonté de mettre en place une décentralisation effective. Pourtant, durant la période transitoire, nous avions déjà instauré tous les outils nécessaires pour le faire. C’est inadmissible de voir que l’Etat dispose de l’argent pour subventionner la JIRAMA et l’Air Madagascar dont les bénéficiaires représentent seulement 10% de la population, alors qu’il ne fait rien pour soutenir les actions de développement au niveau des communes ».
M.M : Que pensez-vous de l’absence simultanée au pays du président et du Premier ministre ?
H.A : « C’est un exemple d’incongruité constitutionnelle. Dans les autres pays, le fait que le président de la République et le Premier ministre soient en voyage à l’extérieur alors que l’adoption de la loi de Finances se déroule à l’Assemblée nationale, est inimaginable voire impossible. Cette situation prouve que le pays n’est même pas gouverné. Nos dirigeants n’ont aucune vision claire à propos du développement. Aucune mesure pour la protection des investisseurs ne figure dans le projet de loi de Finances. Les difficultés subies au quotidien par les Malgaches devraient être l’unique priorité des dirigeants ».
M.M : Quelle est votre position par rapport à l’affaire Mara Niarisy ?
H.A : « Oeil pour œil, dent pour dent. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre par rapport à cette affaire. C’est donc une vengeance politique suite aux critiques acerbes lancées par le député élu sous les couleurs du Malagasy Miara-Miainga contre le régime. Une perquisition réalisée en l’absence du concerné et de son avocat est tout simplement contraire au Code de procédure pénale. Une poursuite politique risque toujours d’être source d’instabilité. En tout cas, c’est la première fois qu’une commission d’enquête a été mise en place à l’Assemblée. Un Etat fort ne signifie pas emprisonner des gens. Au contraire, c’est un Etat faible qui ne respecte pas les droits fondamentaux de la population. Quoiqu’il en soit, nous suivons de près l’évolution de cette affaire. Si l’enquête se déroule dans le cadre de la légalité et que son implication dans les vols de bovidés soit confirmée, nous nous conformerons aux résultats ».
Propos recueillis par Davis R