Les dirigeants d’entreprise sont perçus comme « hautement corrompus » en Afrique d’après le sondage réalisé par Transparency International associé à Afrobaromètre qui a interrogé 43.143 personnes dans 28 pays en Afrique subsaharienne entre mars 2014 et septembre 2015 sur leurs expériences et perceptions de la corruption dans leur pays. « Le monde des affaires est classé comme le deuxième secteur affecté par les niveaux de corruption les plus élevés dans la région, juste après la police », remarque l’enquête. La police est régulièrement évaluée comme fortement corrompue mais l’évaluation très négative des dirigeants d’entreprises est un fait nouveau par rapport aux sondages précédents, selon le communiqué. La justice est également pointée du doigt.
Corrompus démasqués
« Alors que des individus corrompus qui jouissent d’un pouvoir politique mènent un train de vie somptueux, des millions d’Africains sont privés de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux comme l’alimentation, la santé, l’éducation, le logement, l’accès à l’eau potable et les installations sanitaires », dénonce Transparency international qui appelle à la mobilisation générale contre la corruption à l’origine de la pauvreté. Ce sondage a eu un grand écho sur l’ensemble du continent et dans les pays concernés dans la mesure où c’est bien la première fois que les dirigeants d’entreprise et les politiciens corrompus sont dénoncés. Transparency appelle les gouvernements et les juges à venir à bout de la corruption, à mettre un terme à l’impunité et à mettre en œuvre l’objectif 16 des objectifs de développement durable édictés par les Nations unies visant à réduire la corruption. Elle exhorte également la population à exiger honnêteté et transparence et à se mobiliser contre la corruption. « Il est temps de dire que ça suffit et de démasquer les corrompus», affirme José Ugaz président de Transparency International. Notre pays fait partie des 28 où le sondage a été réalisé. Les résultats ne surprennent pas. Ils interpellent autant le secteur public que le secteur privé. Beaucoup restent à faire dans la lutte contre la corruption. Mais encore faut-il que l’Etat exprime réellement sa volonté d’y mettre fin. Les lois existent – sans doute faut-il les renforcer- pour réprimer les corrompus. Mais ont-ils jamais été inquiétés ? N’est-ce pas pour cette raison que les contrées lointaines confrontées à toutes sortes de crimes, on se méfie de l’Etat et on veut faire justice soi-même. Il est important de réussir la réforme de la Justice pour aller de l’avant. Tant que la corruption règne, les corrupteurs et les corrompus seront à l’abri des sanctions et des punitions.
Zo Rakotoseheno