Le cinéma malgache a été brillamment représenté au festival de Clermont Ferrand. Notre confrère Thierry Sinda a été agréablement surpris par la qualité du film de Ludovic Randriamanantsoa
Caméra tout comme le stylo est informative ou poétique. Les poètes de la plume ou de l’image transfigurent le réel le plus dramatique. « Le petit bonhomme de riz » de Ludovic Randriamanantsoa est dans le sillage formel du « Vitrier nègre » du poète Jean-Joseph Rabearivelo : « Le vitrier nègre/dont nul n’a jamais vu les prunelles sans nombre/… cet esclave tout paré de perles de verroterie ». Le proscrit laid devient le personnage principal beau, en l’occurrence respectivement : l’esclave et le gosse des rues. Le plat malgache de base étant le riz. L’enfant des rues de Ramdriamanatsoa vole du riz en trouant les sacs des passants ou les étals des marchés. L’écriture poétique de Ramdriamanantsoa avare de mots, installe dans un plan d’ensemble désertique un passant isolé attendu par le petit voleur de riz, ou encore des gros plans sur les misérables utilisant les ustensiles servant à manger ou préparer le riz volé ; le tout accompagné par les bruits amplifiés de la vie qui à eux seuls deviennent rythme musical, lesquels se mêlent et s’ entremêlent à de la musique instrumentale. Sens et détournements de sens, tel que dans le prologue où avec des plans rapides les jeunes mendiants des rues déambulent entre les voitures en transformant les courtes paroles de mendicité en courtes paroles d’histoires explicitant leur triste condition humaine. Il rejoint « Badou boy » du cinéaste sénégalais Djibril Diop Mambety, lequel sur des plans d’un bidonville met l’hymne national.
Thierry Sinda