
Pour la première fois depuis le 23 novembre, date de l’enlèvement des deux enfants, les autorités se sont exprimées officiellement sur cette affaire.
« Parler pour ne rien dire ». C’est ainsi que l’on peut qualifier l’intervention, hier, du Premier ministre et des hauts responsables des Forces de l’ordre. En effet, le Général de Brigade Aérienne Jean Ravelonarivo, accompagné des trois membres du gouvernement concernés par la question de l’insécurité, à savoir le ministre de la Défense nationale, le Général Dominique Rakotozafy, le ministre de la Sécurité Intérieure, l’Inspecteur Général de Police, Blaise Randimbisoa et le Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, le Général Paza Didier Gérard ont convoqué la presse pour apporter des éléments d’explication sur l’affaire kidnapping à Toamasina. Pour la première fois depuis le 23 novembre, date de l’enlèvement des deux enfants d’un opérateur de bois précieux donc, les autorités se sont exprimées officiellement sur cette affaire. Une initiative considérée par bon nombre d’observateurs comme « le médecin après la mort ». Et ce, dans la mesure où elle survient un mois jour pour jour après les faits et trois jours après que les ravisseurs aient assassiné sauvagement la fillette de 14 ans.
Zones d’ombre. Hier, le Chef du gouvernement n’a pas manqué de présenter ses condoléances aux proches de la victime. C’était certainement le principal objet de cette conférence de presse puisque mis à part cela, le Général Jean Ravelonarivo n’a fait que réitérer tout ce qui a déjà été dit à propos de cette affaire. Il a notamment précisé que 11 individus soupçonnés d’être impliqués dans cette affaire sont déjà sous les verrous. A entendre les explications du ministre de la Sécurité Intérieure, « certains d’entre eux ont participé directement à ce rapt d’enfants ». Ils auraient été localisés, puis arrêtés suite à des conversations téléphoniques. Actuellement, les enquêteurs multiplient les efforts pour pouvoir mettre la main sur le reste de la bande, mais aussi et surtout, sur les commanditaires. Questionné sur l’implication d’un magistrat et d’un employé du Tribunal de première instance de Toamasina dans cette affaire, le Premier ministre a préféré se défiler. En effet, le Général Jean Ravelonarivo a esquivé toutes les questions se rapportant aux différentes zones d’ombre qui entourent cette affaire. Il a plutôt choisi de mettre en avant la nécessité du respect du secret de l’enquête.
« Sans résultat ». Nul n’ignore pourtant qu’après l’Attentat qui a frappé la capitale française le 13 novembre dernier, les informations véhiculées par la presse française ont permis aux enquêteurs d’identifier et de localiser les assaillants. En tout cas, aux yeux des observateurs, ce kidnapping à Toamasina démontre une fois de plus encore l’incapacité de nos Forces de sécurité à résoudre ce genre d’affaire sans paiement de rançon de la part des proches des victimes. Des questions se posent également sur l’efficacité de nos services de renseignements. De son côté, le Premier ministre, Jean Ravelonarivo a soutenu que « depuis le début de cette affaire, le pouvoir central n’a cessé de prendre ses responsabilités ». Une prise de responsabilité qui reste pour le moment « sans résultat ». Même si le Chef du gouvernement a déclaré que l’enquête évolue à vitesse grand « V » et que les enquêteurs détiennent désormais plusieurs informations qui pourraient aider à résoudre cette affaire, bon nombre d’observateurs considèrent l’intervention des hauts responsables des Forces de l’ordre d’hier comme un « aveu d’impuissance ». Certainement à cause des propos du Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, le Général Paza Didier Gérard qui a déclaré à la presse que « la découverte du véhicule 4×4 utilisé par les ravisseurs pour transporter les deux enfants constituait un élément déclencheur qui a incité les kidnappeurs à tuer la fillette, et ce, afin de briser l’élan des enquêteurs ». Le SEG a également précisé que « contrairement aux informations, les Forces de l’ordre n’ont jamais interdit aux proches des victimes de payer la rançon ». Quoiqu’il en soit, le Général Jean Ravelonarivo tient à rassurer la population en cette période de fin d‘année. « L’Etat fera tout pour faire respecter l’Etat de droit, mais aussi pour préserver la paix et la sécurité », a-t-il soutenu.
Davis R