Le « kidnapping » est devenu une pratique courante surtout lorsque les élections approchent. Il semble être essentiellement destiné à percevoir de la rançon. La plupart du temps, après la remise de la somme demandée, les ravisseurs relâchent leur otage. Mais parfois aussi, les enlèvements finissent mal. C’est le cas d’Annie, une fillette de 14 ans, enlevée dans la rue, torturée et violée avant d’être tuée. Le sadisme et la bestialité des kidnappeurs suscitent de profondes interrogations dans l’opinion publique. Des pourquoi qui n’ont pas de réponses convaincantes surtout lorsque les enquêtes piétinent pour identifier les auteurs. Le sort du cousin de dix-sept ans, détenu en même temps qu’elle, est inquiétant dans la mesure où les ravisseurs ont fait part d’un ultimatum de vingt-quatre heures à leurs parents pour payer la rançon.
Les valeurs se perdent
Une chose est sûre, la violence a augmenté dans notre pays. Le respect de la vie n’est plus ce qu’il avait été il y a trente ou quarante ans. Des phénomènes destructeurs sont apparus. Les « mafiosi», les trafiquants de drogue ou de richesses nationales, le kidnapping, les vols d’ossements, les agressions violentes et meurtrières aussi fréquentes, n’existaient pas à cette époque. Aujourd’hui, c’est le contraire, il ne se passe presque plus de jours sans agression, vol à la tire, meurtre, viol et attaque à main armée. L’insécurité a fait un grand bond en avant, suite apparemment à l’instabilité politique et sociale. Les coups d’Etat n’auraient pas eu comme conséquence que des changements de régime mais aussi d’après des sociologues, des pertes de repères et de valeurs morales énormes. L’instabilité de la situation qu’ils amènent explique les comportements de violence et d’agressivité des uns et des autres. On tue maintenant pour un peu d’argent, pour de la nourriture ou tout simplement pour se venger. D’aucuns ont encore en mémoire des images terrifiantes. Celles des victimes de la justice populaire, qui ont péri, immolées ou lynchées dans des régions du pays. Ou celles d’exécutions sommaires qui cultivent la loi du talion. On semble oublier que la violence entraîne la violence. Le Premier ministre est revenu hier sur ce cas de kidnapping de deux enfants de Toamasina devant la presse. Il a déclaré que les autorités ont pris leur responsabilité depuis le début sur cette affaire. Le public espère en tout cas qu’Arnaud soit libéré et que les auteurs de l’assassinat abominable d’Annie soient identifiés et punis. Comme toujours, le public est en mal de résultats concrets.
Zo Rakotoseheno